Disparition de Matéo Blazquez

C'est avec tristesse que nous avons appris la disparition de Matéo Blazquez.

Très jeune Matéo s'est engagé dans l'armée républicaine espagnole pour combattre le putsch du Général Franco  qui s'était dressé en juillet 1936 (avec la complicité de Hitler et de Mussolini) contre le gouvernement de Front Populaire en Espagne. Matéo restera fidèle à ses valeurs et à l'engagement qui fut le sien. En France occupée, après la "Retirada" il n'hésitera pas avec nombre de ses compatriotes à rallier la Résistance dans les rangs des FTP, FFI et à poursuivre le combat commencé en Espane contre le fascisme. Matéo était aussi un fidèle adhérent de l'ACER. Par ses idées, il demeurera un combattant, sa vie durant, qui croyait en l'émancipation humaine et en un monde meilleur.

Nous saluons sa mémoire et adressons à toute sa famille nos très sincères condoléances avec toute notre  affection.

Pour le Bureau de l'ACER

Jean-Paul Chantereau

Secrétaire Général Adjoint

Rajaud, de Caylus à Vicién

Mercredi 2 novembre 2011, sur Le blog des Editions la Brochure

 

La Mairie de Caylus va inaugurer une rue au nom de Maurice Rajaud, au moment où on célèbre le 75ème anniversaire du début de la Guerre civile espagnole et les 80 ans de la première république de ce pays.

Yves Vidaillac a contribué en 1996 à faire connaître le cas de ce jeune membre des Brigades internationales mort en Espagne dès le début du conflit le 10 ou le 11 septembre 1936. Il vient de retrouver une note de Marcel Maurières indiquant qu’il est enterré à Vicién en Aragon. J’ai essayé de retrouver quelques éléments sur la bataille dont le village fut le cœur.

 

Premier élément

Si Maurice Rajaud est parti avec le Secours Rouge international et comme communiste, arrivé à Barcelone il a aussitôt intégré les colonnes anarchistes des Brigades (Ascaso, Durruti) pour partir sur le front d’Aragon. C’est sans doute ce qui explique qu’il soit inscrit dans une liste de militants anarchistes[1].

Une femme espagnole, Maria Martínez Sorroche[2] de la colonne “Aguiluchos”, a témoigné en France en 1997, de la situation à Vicién en septembre 1936, et elle explique la nature de cette colonne Ascaso qui à partir de son poste de défense voulait reprendre Huesca aux Franquistes :

« Au cours d’une attaque sa colonne découvre une belle grange et une maison qui ressemblait à un petit palais où il y avait un groupe de camarades étrangers. Il s’agissait surtout de jeunes qui étaient venus à Barcelone à l’occasion des Jeux Olympiques des Travailleurs, quelques uns venant de Paris où ils étaient des réfugiés Allemands ou Italiens qui fuyaient le fascisme. »

Elle ne parle pas de Français présents, mais ils parlaient tous français et elle-même ayant quelques souvenirs de cette langue suite à un séjour à Vaulx-en-Velin, elle permit aux deux colonnes de se comprendre. Les brigadistes avaient une mitraillette amenée d’une caserne de Barcelone entre les mains d’une femme qui empêchait ainsi les Franquistes de Huesca de sortir de la ville. Sa colonne d’Espagnols venait de l’Hospitalet et était presque sans arme.

En juillet 1936 l’importante ville de Huesca est tombée aussitôt entre les mains des Franquistes, mais pas Barbastro et la campagne alentour. En conséquence les colonnes de Barcelone (dont celle de Durruti) sont venus encercler Huesca pendant des mois. Une action cependant peu organisée aussi bien en matière d’intendance que d’armes. L’aviation officielle venue de Barcelone aidant les combattants qui ne purent cependant reprendre la ville.

Maria s’imposa comme infirmière sans les outils nécessaires et fut contrainte de soigner d’abord de grands brûlés venant d’un village voisin Almudevar.

Huesca est un important carrefour de routes. Vicién est sur une petite route vers le sud à 10 km de la capitale tandis qu’Amudevar est sur celle de Saragosse un peu plus à l’ouest.

 

Deuxième élément

Maurice Rajaud venant de sa campagne a dû être surpris de se retrouver au milieu d’Européens dont le grand courage égalait l’inexpérience. Le journal ABC qui était alors du côté des républicains avait un journaliste à Vicién au moment du décès de Rajaud. Il écrit ceci le 13 septembre 1936 :

« Je vous écris de Vicién, le dernier village qu’on rencontre avant d’arriver à Huesca, par la voie ferrée. Les Républicains contrôlent cette voie de la route ce qui fait que les factieux n’ont de lien avec l’extérieur que celui de leur Aviation qui les trompe en envoyant des tracts qui les incitent à résister en attendant l’arrivée de renforts. La lutte continue d’être favorable à nos troupes. Notre aviation a procédé avec grande efficacité à des bombardements sur les lignes ennemies en détruisant un convoi près d’Almudevar et deux dépôts d’essence. » Est-ce cette destruction de dépôts d’essence qui a provoqué les grands brûlés soignés par Maria ?

Nous savons que de tels articles optimistes seront vite démentis…

29-10-2011 Jean-Paul Damaggio

 

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