COURRIERS, VIGNETTES ET DOCUMENTS REPUBLICAINS SUR LA GUERRE d'Espagne

  • à BEZIERS, à la colonie espagnole, 1 rue vieille de la cité, du 4 au 23 avril 2 014:" Timbres, vignettes et documents républicains de la période guerre d'Espagne"

  • à Paris au Parc floral de Vincennes du 14 au 22 juin 2 014 dans le cadre du 87ème  Championnat de Philatélie, section Histoire postale :" La guerre d'Espagne, 17 juillet 1936-31 mars 1939, à travers la philatélie".

 

The Last Lincoln Veteran By David Rovics

The Last Lincoln Veteran By David Rovics

During the Spanish Civil War (1936-39), almost forty thousand men
and women from fifty-two countries, including 2,800 Americans,
traveled to Spain to join the International Brigades to help fight
fascism.

The U.S. volunteers became known collectively as:

The Abraham Lincoln Brigade.


The Last Lincoln Veteran
by David Rovics

from the album
Big Red Sessions

www.davidrovics.com

La nueve Ou les oubliés de la victoire Ou les espagnols de Leclerc

La nueve

Ou les oubliés de la victoire

Ou les espagnols de Leclerc

 

Le fim, un documentaire de 52 minute d’ALBERTO MARQUARDT

 

Il y a ces images : des blindés arrivent sur Paris, ils passent la pancarte La croix de Berny, puis entrent dans la capitale par la Porte d’Italie, hésitants cette fois. Un peu plus tard, deux jours après, les mêmes sur les Champs-Elysées. D’autres images, les actualités. Elles racontent la 2DB, les FTP, Paris libéré, l’honneur sauvé de la France par ces combattants sortis de l’ombre. De Gaulle peut descendre les Champs-Elysée puis se rendre à Notre-Dame.

Un détail pourtant sur ces blindés, des noms, comme il est de coutume, mais ce sont les noms des grandes batailles de la guerre civile d’Espagne : Ebro, Teruel, Guadalajara, Guernica. C’est à partir de ces « détails » que commence l’enquête d’Alberto.

Pourquoi des noms espagnols ?

La réponse à cette question a conduit Alberto à remonter le temps : parce que les Républicains espagnols furent les premiers à comprendre que la Guerre mondiale avait commencé un certain 27 avril 1937, quand les avions des légions Condor d’Hitler déversèrent leurs bombes sur Guernica, parce que pour ces combattants de la liberté, il ne pouvait y avoir d’Armistice avec le diable, et que les racines de la guerre n’étaient pas à chercher dans l’effondrement moral de tel ou tel gouvernement de front populaire, mais dans l’avènement d’une barbarie jusque là inconnue.

L’histoire de la Nueve, c’est celle de paysans, d’artisans, d’instituteurs, « projetés » sans crier gare dans l’Histoire, arrachés à leur condition, leur quotidien, et qui relèvent le défi qui leur est ainsi imposé, sans faillir, jusqu’au bout, malgré les épreuves, malgré Vichy, malgré son armée, malgré les camps, ceux de la frontière puis ceux en Afrique du Nord, malgré même l’appui des vainqueurs à Franco.

L'histoire de la Nueve c'est celle que nous raconte Manuel FERNANDEZ et Luis ROYO IBANEZ, l'un parti du village de Marentes dans les Asturies, l'autre de Barcelone. Ils n'avaient pas 20 ans quand ils ont rejoint les rangs des républicains espagnols. Ils ne savaient pas alors que leur engagement les mèneraient, 10 ans plus tard jusqu'au nid d'aigle d'Hitler.

Ils n'avaient eu de cesse d'abattre le facisme et pourtant ils assisteront impuissant à l'adoubement de Franco par les alliés auprès de qui ils avaient combattus. Ils en ont payé le prix, interdits de séjour dans leur pays, oubliés d'une histoire qui s'est écrite sans eux, ils ne regrettent rien de leur engagement, d'avoir préféré la liberté aux mensonges et à la tyrannie.

Après "Indigènes", rappelons nous des combattant algériens et marocains

Après "Indigènes", rappelons nous des combattant algériens et marocains

En Espagne, en 36, à nos côtés, « ils » en étaient nos potes du Maghreb.

 

 

A l’heure de la focalisation sur un point de détail qui agite la « muleta » pour détourner nos indignations, soulevons un voile trop longtemps scotché sur une des composantes des B.I. .

Parmi les « Brigadistes Internationaux » on estime à 500, les Algériens partis se battre en Espagne, contre le fascisme, pour la République Espagnole. Du coup pour la notre et le Front popu’ aussi. Point de ségrégation à l’époque. Tout du moins dans la fièvre de l’action. Un homme, un fusil. Une conviction.

Comment ne pas se sentir solidaire quand « L’International » se chante avec fougue en 5 ou 6 langues différentes.

Et que l’ennemi est commun.

Bon, beaucoup travaillaient ici et militaient avec leurs potes d’usine, d’atelier, de chantier. Beaucoup étaient syndiqués, politisés au P.C. et même Libertaires. D’autres sont partis avec des « pieds noirs » directement d’Alger et d’Oran.

Ne nous gâtons pas l’enthousiasme, certains étaient intéressés par la solde de 10 pesetas, aussi. Quand même. On a même été obligés de refuser des équipes de chantier, abusées par une propagande illusoire. Des idéalistes pensaient dans la foulée se libérer du colonialisme au Maroc. Ailleurs par extension, notamment en Algérie. Des projets allaient dans ce sens pour prendre Franco par l’arrière en libérant les leaders indépendantistes Marocains emprisonnés. Projets sans suite. Frayeurs du gouvernement Français. Suffisamment bridé par ailleurs.

Amhed Ben Thami, tirailleur marocain a fait la « boucherie » de 14/18 pendant 4 ans. T’es dégoûté pour moins que ça. Il quitte son travail en France et vient retâter de la mitraille sur le front d’Aragon dans la « colonne Ascaso ». Il prône la lutte et la révolte chez lui contre Franco. Il crie haut et fort, rappelle l’aide des révolutionnaires pendant le soulèvement d ‘Abd el Krim.

Faut de la conviction. Engagement et paroles d’hommes guidés non pas par des ordres religieux mais par des convictions intimes qui transcendent l’individu.

Ils venaient de Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, Bordeaux … Bagnolet, Ivry … Des bourgs et des banlieues.

Mohamed Belaïdi, mécanicien, s’illustra comme mitrailleur avec la « bande » à Malraux. Il fut descendu pendant l’hiver 37 au dessus de Teruel dans un combat inégal face à la « Légion Condor » et ses avions modernes. Rabah Oussidhoum, lui, commandait le 12ème bataillon « Ralph Fox ». Il tomba en héro au combat à Miraflores (Saragosse) en mars 38.

« Tous les arabes ne sont pas fascistes » disait il pour excuser les troupes marocaines de mercenaires franquistes. Avec les colonnes de Durruti, on trouve M. Essaïd Ben Amar et Ameziane Ben Ameziane, farouches combattants anarchistes.

Mohamed Saïl, chauffeur mécanicien, insoumis et déserteur pendant la « grande guerre » … commandant du groupe International de la colonne Durruti. Qui dit mieux ?. Contraint : non. Dans l’action du militant : oui. Gravement blessé il rentre en décembre 36. Peut être à Aulnay sous Bois, d’ou il venait.

Et combien d’autres anonymes sous les oliviers et la cagnasse, sont « immortalisés » là bas ?. A tout jamais dans nos cœurs.

Qui les honore aujourd’hui ?. Ou sont les plaques commémoratives ?. La fierté de leurs enfants ?. N’oublions jamais, que c’étaient des volontaires, pas des conscrits. Cela, ne nuit pas à la réputation et aux sacrifices des autres, lors des guerres sous nos couleurs. Chair à canon. Missions sacrifiées. Beaucoup trop souvent.

Dans la tranchée, sous le soleil de plomb, face à la horde ennemie qui déboule, cavaliers ou groupe de chars, vagues d’avions bombardiers ou tirailleurs déployés en masse. Une seule ambition « No Pasaran ». Compter ses dernières cartouches. Sortir sa baïonnette et la fixer, dernier geste de défi. « C’est la lutte finale … ».

Qui va venir porter ce message à l’écran lors des débats « d’oiseux » de mauvaise augure, à la une des journaux, aujourd’hui ?. Nous, nous connaissons cette fraternité. Levons le voile de l’oubli.

 

Lire aussi :

Guerre d’Espagne : (1936-1939) : 500 Algériens ont combattu au sein des Brigades internationales contre le fascisme

 

 

 

Discours de Marcel SAGNIER, le 17/11/1938

Message- Le retour des Brigades Internationales : Discours de Marcel SAGNIER, commandant de la XIVème Brigade Internationale au Congrès de la CGT à Nantes, le 17 novembre 1938  

Je donne la parole au camarade Marcel Sagnier, ouvrier du Bâtiment parisien, ancien commandant de la 14e brigade, La Marseillaise, de l'armée populaire espagnole. (Applaudissements.)

Sagnier. — Camarades, j'apporte au Congrès de la C.G.T. le salut de tous les volontaires de la Liberté qui seront en France dimanche matin. J'apporte le salut des représentants du peuple de France, des représentants des ouvriers, des paysans, de toute la classe laborieuse de notre pays, les véritables fils et descendants des trois révolutions de notre pays, de ceux qui, sans faire de discours, sans faire de motions, ont pris les armes à la main pour montrer au monde ce qu'est la véritable solidarité, ce qu'est le véritable internationalisme.

Aujourd'hui, nous rentrons, nous rentrons prendre notre place au combat dans les rangs comme nous étions avant, et j'apporte au Congrès l'affirmation de tous mes camarades, leur volonté de rentrer immédiatement dans le sein de la C.G.T. Nous venons avec deux ans d'expérience d'un peuple qui lutte pour sa liberté, pour son indépendance. Nous ne voulons pas et nous n'avons pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit. Mais je voudrais quand même rappeler ce que la fierté toute espagnole du camarade qui représentait ici hier les travailleurs d'Espagne, n'a pas dit. Je voudrais vous dire la peine des ouvriers dans les usines de Barcelone, de Valence, de Madrid ; les ouvriers sous-alimentés, qui s'évanouissent devant les tours, qui s'évanouissent dans l'usine. Je voudrais aussi vous dire la tâche, l'ardeur et le courage des paysans espagnols qui sont tués à la charrue, à quelques pas des lignes. Je voudrais aussi vous dire la situation des soldats en ligne, pieds nus, bien souvent n'ayant pas tous les moyens ni toutes les armes pour résister à la pression et au matériel italo-allemand. Je voudrais aussi vous montrer en quelques mots la situation des femmes, des mères qui cherchent, dans les débris de leurs maisons, l'enfant qui vient d'être tué. Je voudrais aussi vous montrer la situation des enfants qui meurent faute de lait.

 

Nous savons, et nous avons constaté par nous-mêmes, que la C.G.T. a aidé l'Espagne, et je voudrais ici citer quelques Syndicats entre les meilleurs : les Syndicats des Métaux, du Bâtiment, des Cuirs et Peaux, des Produits Chimiques et de l'Habillement. Et, en même temps, je salue le Congrès au nom de ceux qui rentrent; je le salue au nom de tous les membres de la C.G.T. qui sont restés en Espagne. Nous trouvons un peu de changement depuis 1936; la situation pour les travailleurs de France est un peu changée. Nous ne sommes plus dans le bain, nous pourrions dire, de la situation exacte, des revendications des travailleurs de notre pays. Et je viens ici en même temps vous demander aide et protection pour nos camarades. : aide morale pour aider tous ceux qui rentrent à retrouver exactement la place qu'ils avaient avant de partir en Espagne, et je voudrais aussi faire appel à vos sentiments d'humanité, à vos sentiments fraternels envers tous ceux qui ont souffert en Espagne, envers les veuves, envers les enfants de ceux qui sont restés en Espagne et envers ceux qui sont rentrés avec une jambe, avec un bras ou qui, souvent, ont perdu la vue en Espagne. Aide morale, vous ai-je dit, et aussi aide matérielle. Nous savons, nous avons appris, en Espagne, que ceux qui ont organisé l'assassinat de la Tchécoslovaquie sont prêts, à l'heure actuelle, à recommencer la même opération contre l'Espagne. Et je suis sûr que la C.G.T., qui représente ici les travailleurs de la France, ne permettra pas que l'on assassine l'Espagne aujourd'hui. Hier, la Tchécoslovaquie, aujourd'hui l'Espagne, demain notre tour. Nous savons, et nous avons la certitude, que, tous, nous serons à l'avant-garde du combat pour aider l'Espagne républicaine à vaincre, pour aider l'Espagne républicaine à posséder tout l'armement qui lui est nécessaire pour que le peuple entier d'Espagne puisse manger. Nous savons que nous pouvons compter sur les travailleurs, et nous savons qu'ainsi, en défendant l'Espagne, nous défendrons la liberté et nous défendrons aussi la paix dans le monde, une paix non pas à la mode de celle que veut instaurer M. Daladier, mais une paix dans la liberté et dans l'honneur. (Applaudissements.)

 

A Nantes, le 17 novembre 1938, Congrès de la CGT