La journaliste française Renée LAFONT, intellectuelle de gauche, romancière (L’appel de la mer, Les forçats de la volupté...), polyglotte et traductrice (notamment du grand romancier espagnol Vicente Blasco Ibañez, auteur lui-même en 1925 de l’essai Ce que veut la République espagnole, et de Alphonse XIII démasqué, la terreur), était également l’une des meilleures hispanistes de son époque.
Renée Lafont est née à Amiens, le 04 novembre 1877. Son père, professeur, était originaire de Bayonne. Encartée à la SFIO (Paris), journaliste au « Populaire » de Léon Blum, elle se trouvait en reportage pour le compte du journal socialiste français. Elle est considérée comme la première femme journaliste assassinée lors d’une guerre. Elle fut arrêtée le 29 août 1936 par les fascistes qui tendirent une embuscade à la voiture qui la conduit. Elle couvrait alors les combats de Cordoue ; les franquistes la traduisent, blessée, devant un « tribunal » militaire qui la condamne à mort pour avoir fait seulement son travail, et manifesté, selon l’accusation, des « sympathies républicaines ». On trouva sur elle des documents portant la faucille et le marteau. Elle était, selon certaines archives, en contact avec Marcel Martinet, qui fut dans les années 1920, l’un des responsables de l’Humanité. D’après des versions mensongères, « elle n’aurait pas survécu à ses blessures ». Or, on sait aujourd’hui qu’elle fut bel et bien fusillée le 1 er septembre 1936 au ieu-dit cordouan « Arroyo del moro » alors qu’elle avait 58 ans. Selon des témoignages convergents, elle gît dans une fosse commune de l’un des cimetières de Cordoue où sont ensevelis plusieurs centaines de républicains « disparus » (plus de 2 000), que leurs noms soient répertoriés ou pas, essentiellement des ouvriers agricoles, des prolétaires, assassinés par les franquistes dans le cadre de leur « croisade » d’extermination contre « l’anti-Espagne ».