Jean Rivoual est décédé.
«Trente-cinq ans de navigation ont été pour moi une véritable école de la connaissance», écrivait Jean Rivoual dans son livre « Entre calme et tempête, itinéraire d’un bourlingueur engagé ». Jeannot, comme on l’appelait du côté de La Ciotat, était un homme discret. Pourtant, il affichait une vie hors du commun. Du mousse sur le Winnipeg au timonier sur le Wyoming, Jean Rivoual pourrait être le héros d’un film d’aventure. La guerre d’Espagne ? Il en était sur les bateaux de France Navigation, chargeant jusqu’à la gueule à Mourmansk les armes pour la République espagnole puis accompagnant 2 000 réfugiés jusqu’à Valparaiso.
La Seconde Guerre mondiale ? Il en était sur les navires chargés de fuel ou d’armements qui, de New York aux côtes africaines, pouvaient être à tout moment torpillés par les sous-marins allemands. Aux escales, il avait rencontré l’actrice Edwige Feuillère, le boxeur Marcel Cerdan et pas mal de «charmantes jeunes femmes». Puis, la guerre terminée, il a écumé le monde avec à chaque escale un souvenir marquant, au Vietnam par exemple. Jean Rivoual, c’était aussi l’élu des marins CGT, le membre du Parti communiste français qui a payé cher son engagement, notamment aux chantiers navals de La Ciotat.
Avec Jean Rivoual, nous partions en voyage. Du détroit de Malacca à La Nouvelle-Orléans, d’Odessa à Saigon, du siège du comité d’entreprise des messageries maritimes à Paris au comité d’établissement de Marseille. Des anecdotes à foison, une vie intense, une blessure jamais refermée après la mort de son frère fusillé par les nazis, son amour pour Gisèle, sa femme, et sa forte amitié pour ses camarades d’hier et d’aujourd’hui.
José Fort