Le père de M. Jean Ortiz est décédé ce dimanche 4 janvier à Albi.
                                                                      

                                                                                MORT D’UN GUERRILLERO


Les hommes irremplaçables, disait Bertold Bretch, sont ceux qui luttent toute une vie. Enrique ORTIZ était de ceux-là. Fils d’un paysan pauvre d’Albacete, aîné de sept frères et sœurs, il part très jeune défendre sa République espagnole sur le front de Madrid, où il rejoint la légendaire « Tercera Brigada Mixta », commandée par José María Galán. Cette unité d’élite avait pour mission de freiner l’avancée des troupes franquistes, de colmater les brèches. Le jeune antifasciste participe aux combats acharnés de la défense de Madrid : La Casa del Campo, La Ciudad Universitaria, Pozuelo de Alarcón, Las Rozas, aux combats d’Andalousie : Andújar, Villa del Río. Blessé à trois reprises, il repart en première ligne. Il sera à Guadalajara, Somosierra, Brunete, aux combats d’Aragon (Ermita de Santa Quiteria), au « paso » du Segre (Balfogona, Villanueva de la Barca …).

On connaît le sort qui fut réservé à la jeune République espagnole. En février 1939, contraint à l’exil, Enrique Ortiz arrive à la frontière française, les armes à la main. Il est interné dans les camps de sinistre mémoire : Argelès et Barcarès.

Après un an et demi de camp, il est envoyé à Decazeville pour travailler à la mine. Dans ce bassin ouvrier, avec ses camarades « guérilleros » de la Neuvième Brigade espagnole, épris de liberté et de justice, il sera parmi les premiers résistants et contribuera à défendre un pays qui n’est pas le sien. Coups de main, sabotages, missions de liaison entre les maquis espagnols de l’Aveyron, etc. Il participe à la libération de Villefranche-de-Rouergue, Rodez, Carmaux, Albi et Toulouse, aux côtés de la Résistance française.

Après la Libération du Sud-Ouest, en octobre 1944, avec quelques milliers de résistants espagnols, il repassera la frontière au Val d’Aran, dans le fol espoir de renverser la dictature, et de libérer son père, emprisonné par Franco « pour avoir ravitaillé les Brigades Internationales ». La famille paiera un lourd tribut au franquisme.

Condamné à mort par contumace, Enrique Ortiz ne sera amnistié et autorisé à revenir au pays qu’après la mort de Franco. Déraciné dans un petit village tarnais, il a tenu jusqu’au bout à rester Espagnol, Républicain et Communiste.

 

Ses obsèques ont été célébrées le jeudi 8 janvier 2009 à 14h00

au cimetière de Caussels-crématorium d’ALBI, route de Millau (81000).