Bonjour,
Vous trouverez, en pièce jointe, l'allocution de notre ami Alain
Bergerat pour le Comité du Sounenir des fusillés de Nantes et
Chateaubriant lors de la cérémonie du 14 février 2010 à La
Capelle-Basse-Mer.
Amicalement.
Carlos

Cérémonie du 14 février 2010 à La Chapelle-Basse-Mer

Allocution d’Alain Bergerat au nom du Comité du Souvenir

 

En acceptant la tâche d’assurer le discours de cette cérémonie en hommage aux cinq résistants espagnols fusillés le 13 février 1943 et inhumés au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, j’ai ressenti à la fois fierté et émotion. L’évocation de cette histoire remue chez moi des souvenirs propres à ma génération qui a l’Espagne au cœur . Nous avons forgé notre conscience politique dans notre opposition à un franquisme qui semblait alors bien anachronique dans une Europe qu’on aurait pu espérer réconciliée par le triomphe de la démocratie sur le fascisme en 1945. Mais elle remue aussi des souvenirs plus personnels, familiaux, puisque j’ai eu la chance de rencontrer et d’épouser une Française née Espagnole, naturalisée à l’âge de deux ans, en même temps d’ailleurs que ses parents qui n’auraient pu de toute façon retourner dans une péninsule où mon beau-père, émigré à Bordeaux avec sa famille au début du siècle, était retourné pour combattre dans les rangs des brigades internationales.

Malgré cela, ce n’est que très tardivement que j’ai appris l’histoire de ces républicains chassés de leur pays en 1939. Comme beaucoup de jeunes Français, j’ai dû camper à proximité des plages d’Argelès ou de Saint-Cyprien en ignorant tout du sort des rescapés de la Retirada. Mes études d’histoire ne m’ont pas fait savoir que ce sont des Espagnols qui conduisaient le premier char de la division  Leclerc entré dans Paris libéré le 24 août 1944. Et c’est bien après mon arrivée à Nantes, en 1970, que j’ai commencé à entendre parler du procès des 42 et plus encore de la présence de cinq résistants espagnols parmi les 37 fusillés, les 37 victimes de la barbarie de l’occupant nazi et de ses complices français. Aujourd’hui encore l’histoire de ces héros n’a pas l’écho qu’elle mérite, malgré les efforts remarquables du Comité du Souvenir, malgré le soutien de la municipalité de La Chapelle-Basse-Mer et malgré les cérémonies commémoratives comme celle d’aujourd’hui. Pourtant c’est à des hommes comme eux que nous devons notre liberté, des hommes qui ont donné six ans de leur jeunesse à combattre le fascisme et qui ont payé cet engagement de leur vie, des hommes qui ont été oubliés et dont même leurs familles n’ont jamais connu le sacrifice, jusqu’à une date très récente.

Je ne reviendrai pas ici sur leur histoire espagnole, d’abord parce qu’elle est plus connue, ensuite parce que nous ignorons les conditions dans lesquelles ces jeunes gens, Basilio Blasco Martin et Miguel Sanchez Tolosa, seize ans chacun en 1936, au moment du putsch des factieux, Ernesto Prieto Hidalgo, dix-huit ans, Benedicto Blanco Dobarro, vingt-et-un ans et Alfredo Gomez Ollero, le plus âgé, trente-et-un ans, se sont levés pour défendre leur république. Ils ont fait la guerre, ils ont été vaincus du fait de l’appui des dictatures hitlérienne et mussolinienne à la rébellion franquiste et du fait aussi de la lâcheté des démocraties européennes, ils ont dû s’exiler et se sont retrouvés au-delà des Pyrénées, parqués dans des camps de fortune indignes de notre République, enrôlés ensuite dans les Compagnies de Travailleurs Etrangers, déportés loin de leurs frontières. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés dans la région nantaise où ils rejoindront plus tard les rangs du Parti Communiste Espagnol ainsi que ceux de