RIVAS VACIAMADRID

23 octobre 2011

 

Monsieur le Maire,

Chers amis et chers camarades,

C’est un très grand honneur pour moi, au nom de l’ACER, de m’exprimer à cette tribune à RIVAS VACIAMADRID, pour remercier Monsieur le Maire, tous nos amis espagnols et tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’accueil chaleureux et fraternel qui vient de nous être réservé à l’occasion de ce rendez-vous commémoratif du 75 anniversaire de la création des BI auxquelles nous rendons hommage aujourd’hui. Nous y sommes très sensibles.

 

Nous voudrions, en retour, vous exprimer, Monsieur le Maire, notre gratitude et notre satisfaction.

 

Je voudrais, d’autre part, dans le cadre de cette  intervention, évoquer trois autres points.

-         d’abord la mémoire de Pierre REBIERE, Secrétaire Général de l’ACER ; fils de Brigadiste, qui était très impliqué dans la préparation de ce voyage jusqu’à la fin de l’année dernière. Pierre nous a quittés en ce début d’année et nous savons qu’il serait des nôtres aujourd’hui s’il n’avait pas été emporté par la maladie. Je voudrais que le souvenir de Pierre REBIERE fils, soit associé à cet hommage. Le père de Pierre était l’une des trois personnalités chargées par le Kominterm de proposer à MARTINEZ BARRIO, ministre de la défense du gouvernement de la République espagnole, en octobre 1936, la constitution des BI.

      Ce projet commémoratif était aussi le sien.

-Saluer nos amis et camarades Brigadistes qui ont pu faire le voyage et se joindre à nous afin de participer aux cérémonies d’hommage à leurs anciens camarades. Nous sommes heureux et très honorés de leur présence :

1.    Eric HELLMAN, Brigadiste Estonien

2. David LOMON, Brigadiste Britanique

3.   Joseph et Vincent ALMUDEVER Brigadiste et ancien combattant de l’armée républicaine.

 

Enfin je souhaiterais avoir une pensée affectueuse pour nos amis et camarades brigadistes qui auraient bien voulu être des nôtres (ils sont venus les années précédentes) mais qui, en raison de leur état de santé n’ont pas pu faire le voyage :

1.    Lise  LONDON

2.    Théo FRANCOS

3.    Jean RIVOUAL ancien marin du WINIPEG, les Brigades de la mer.

4.    César COVO

Je voudrais également saluer la présence parmi nous de Cécile ROL-TANGUY, co-présidente de l’ACER, ancien agent de liaison de la Résistance dans le Paris occupé, épouse du Colonel Henri ROL-TANGUY, ancien commissaire politique de la XIV Brigade en 1938 pendant la Bataille d’ l’Ebre, qui deviendra par la suite chef des FFI de la Région Parisienne .Le colonel Rol-TANGUY , ancien d’Espagne dirigea l’insurrection et la Libération de Paris en août 44.

Cécile, nous sommes très honorés de ta présence aujourd’hui parmi nous.

 

-         Je voudrais, également, adresser un message de remerciements à toutes les associations internationales et à tous ceux  qui ont bien voulu répondre à l’appel de la CI pour participer à ces rendez-vous de la mémoire en Espagne, en hommage aux BI  : Madrid aujourd’hui, Albacete demain et Barcelone à la fin de la semaine. A cet égard, nous devons tout particulièrement saluer le travail et les actions qui ont été celles, dans l’ordre alphabétique :

1.    de Patrick DIAZ en sa qualité de coordonnateur  de la CI pour l’organisation de cette première étape du voyage : Paris-Madrid-Albacete.

2.    de Guy SAURAT, Président de Terre de Fraternité, pour la suite du programme de ce voyage et des rendez-vous commémoratifs prévus à Albacete et à Barcelone et de Sébastian AGUDO et Pepe GAMERO auxquels nous devons la préparation du congrès d’Histoire à Barcelone.

 3. à l’AABI,

3.    Enfin, en hommage « aux volontaires de la liberté », à leur histoire inédite, je voudrais revenir et insister sur l’actualité des valeurs et des idéaux pour lesquels ils ont combattu dans les Brigades. Ces valeurs n’ont pas pris une ride.

 

Au-delà des qualités de courage et de dévouement dont les Brigadistes ont fait preuve pour servir la République espagnole et la paix du monde, il nous faut retenir le sens de l’engagement qui fut le leur : l’antifascisme, l’internationalisme, la liberté, la démocratie, le progrès social et la solidarité. L’ACER et tous nos amis de la CI ont à cœur de porter et de faire partager ces idéaux et ces valeurs, dans l’action qui est la nôtre au service de la mémoire afin de mieux comprendre les enjeux du présent et de l’avenir. En effet, comme nous aimons à le répéter souvent, il ne s’agit pas pour nous d’une mémoire repliée sur elle-même et sur le seul souvenir, mais, « d’une mémoire prenant appui sur le souvenir pour construire le luttes d’aujourd’hui et de demain ». La mémoire est un combat qui se conjugue au présent et qui doit nous permettre de faire le lien avec les enjeux sociaux et politiques d’aujourd’hui en Europe et dans le monde. Si l’histoire ne se répète pas suivant les mêmes scénarios, il lui arrive parfois de bégayer… La crise du capitalisme mondialisé et financiarisé est d’une ampleur inédite. Ses conséquences sur l’économie réelle, sur les sociétés et les Etats qui se réclament de la démocratie sont, pour une large part,  encore méconnues et à venir. Mais déjà, le désarroi et le désespoir social engendrés par cette crise systémique du capitalisme, que ce soit dans le monde du travail et dans les classes moyennes et au-delà, s’accompagnent de la résurgence dans la plupart des pays européens, de la xénophobie et des idéologies d’exclusion inspirées par la droite et l’extrême droite, en un mot, d’une nouvelle montée des périls. Cette situation doit interpeller tous les progressistes et toutes les consciences. Il est urgent de développer aujourd’hui les résistances « afin de préserver tous les mécanismes sociaux relevant de l’entre aide et de la solidarité entre les hommes dans nos sociétés » et de refuser  « l’inhumanité » des conceptions économiques et politiques qui ont pour doctrine «la concurrence libre et non faussée » dans nos sociétés assujetties à la dictature des marchés financiers et à ses dogmes. La dictature des marchés financiers inspire aux Etats des politiques libérales et budgétaires en Europe et dans le monde de plus en plus attentatoires à la démocratie et à nos libertés. S’il est un enseignement à retenir de la crise économique des années 30, de la guerre d’Espagne, et de la Résistance c’est bien que le verbe « résister » doit se conjuguer au présent. Restons plus que jamais vigilants. Il est urgent d’agir pour un autre monde, pour une humanité reposant sur la justice sociale, la démocratie, les libertés et la paix. Il est urgent de remettre au grand jour les idéaux et les valeurs d’engagement des BI  et de la Résistance. C’est bien de cela dont il s’agit encore aujourd’hui, plus que jamais.

 

Le rappeler et en témoigner dans le cadre de notre vie sociale et citoyenne, par delà ce 75ème anniversaire qui leur est consacré, s’est encore le meilleur hommage que nous puissions rendre à nos aînés des BI et de la Résistance.

 

Je vous remercie de votre attention

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Jean-Paul CHANTEREAU

Secrétaire Général Adjoint

23 octobre 2011