Madame l'adjointe au maire, chère Catherine,

Monsieur le secrétaire adjoint, cher Jean-Paul,

Chers amis, chers camarades,

Nous sommes, pour la troisième année consécutive, réunis ici, au 8 avenue Mathurin Moreau, à l'initiative des Amis des combattants en Espagne républicaine, pour rendre hommage, en ce lieu hautement symbolique, aux milliers de volontaires anti-fascistes de toutes nationalités qui y ont transité dès les premières semaines qui suivirent le coup d'Etat franquiste de 1936 pour s'engager dans les Brigades internationales de solidarité avec la République espagnole.

 

Nous nous devons de rappeler le geste héroïque de ces dizaines de milliers de combattants qui s'unirent au peuple espagnol dans son combat contre le fascisme. 9 000 y ont laissé leur vie.

Nous ne pouvons cesser de renouveler notre admiration et notre profond respect de toutes celles et pour ceux qui se mobilisèrent pour défendre la légalité de la République espagnole à un moment où les démocraties européennes adoptaient la position indigne de la non-intervention.

Beaucoup pressentaient que, dans la défense de la République espagnole, se livrait une bataille décisive contre le fascisme qui allait bientôt déferlé sur toute l'Europe. Et nombreux furent celles et ceux qui ensuite, malgré les souffrances de l’exil, poursuivirent leur combat –partout en Europe et notamment en France-- dans la Résistance, contre le nazisme et pour la liberté, pour la démocratie et pour la paix.

Comme le soulignait si justement notre amie Claire Rol-Tanguy, secrétaire générale de l'ACER, il y a deux ans, lors de la cérémonie de dévoilement de cette plaque : « Le mot épopée utilisé pour retracer leur histoire n'est pas usurpé. C'est bien une histoire hors du commun que ces hommes et ces femmes de 53 nationalités différentes ont écrite. Le temps n'a pas terni, bien au contraire, le courage, le désintéressement, la profonde humanité de ces combattants engagés de leur plein gré pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes dans la guerre comme dans la paix, pour le droit à la dignité et au bien être social ».

Il fallut pourtant attendre près de 60 ans, en 1996, pour que, malgré leur haute contribution à la lutte contre le fascisme, le droit à la nationalité espagnole – promesse du gouvernement républicain de 1938 –  devienne enfin réalité et qu'on commence à leur reconnaître aussi le titre d'anciens combattants au nom de leur résistance au fascisme.

Je veux redire ici, reprenant les paroles prononcées par Pierre Laurent, le secrétaire national de notre parti, ici même, il y a deux ans, « combien nous sommes fiers, nous les communistes français, avec bien d'autres militants anti-fascistes et républicains, d'être parmi les héritiers de ces combattants de la liberté, qui, avant même d'avoir totalement vaincu la Bête immonde, travaillaient à l'avenir, aux jours nouveaux de notre peuple ».

Oui, préserver la mémoire de ces combattants de la liberté que furent les Brigadistes reste plus que jamais d'actualité.

D'abord parce que l'Espagne n'a toujours pas soldé les comptes de son propre passé.

Bien au contraire, la droite espagnole, revenue au pouvoir en 2011, refuse toujours de reconnaître les crimes commis sous la dictature franquiste.

Plusieurs groupes parlementaires espagnols, parmi lesquels celui où siègent nos camarades parlementaires communistes et de la Gauche unie, ont récemment présenté, avec les membres de l’association « Plateforme pour la commission de la vérité », une proposition demandant au gouvernement espagnol de Mariano Rajoy de suivre les recommandations de l’ONU et procède, dans le délai de deux ans, à l’ouverture de toutes les fosses communes du franquisme – où se trouvent encore les dépouilles de dizaines de milliers de disparus, dans les quelque 2500 fosses aujourd’hui recensées – et en crée une « Commission de la vérité » sur les crimes de la guerre civile et de la dictature.

Ce ne serait pourtant qu’une part de la justice due aux combattants de la République et aux familles des victimes.

Il y a quelques mois, le Tribunal Suprême de Justice de Madrid ordonnait la démolition du monument érigé en 2011 en hommage aux Brigades internationales sur le campus de la cité universitaire de Madrid.

Cette décision, totalement inacceptable et qui n’a, pour le moment du moins, pas été suivie d’effet, a provoqué à juste titre l’indignation de nombreuses associations, d'élus, de militants antifascistes et démocrates non seulement en Espagne, mais dans toute l’Europe. Et il faut saluer le rôle irremplaçable pour pour alerter et appeler à la mobilisation de l’ACER dans notre pays.

Ce monument est en effet le symbole de la résistance emblématique du peuple madrilène et des internationalistes des Brigades, contre l’avancée des troupes franquistes au début de la guerre. Et vouloir le détruire est une véritable et insupportable provocation au moment où l’on s’apprêtait à commémorer le 75eanniversaire du retrait d’Espagne des Brigadistes, à la demande du gouvernement républicain de Juan Negrin.

Ainsi, c’est leur mémoire, celle de ceux-là mêmes dont le départ, le 1er novembre 1938, avait été salué par Dolores Ibarruri, la Pasionaria, par ces mots restés célèbres: « Vous êtes l’histoire, vous êtes la légende, vous êtes l’armée héroïque de la solidarité et de l’universalité de la démocratie » ; c’est leur mémoire qui est aujourd’hui piétinée, bafouée, et tous les démocrates et anti-fascistes insultés.

C’est pourquoi nous tenions à être ici aujourd'hui, parmi vous, pour proclamer que nous considérons d’une impérieuse nécessité de protéger la mémoire des Brigadistes et de nous rendre dignes de poursuivre leur combat.

Merci.

Lydia Samarbakhsh

Membre de l'exécutif. En charge du secteur relations internationales.

(seul le prononcé fait foi)