ARNAL, el rojo desconocido !

Il aurait eu 100 ans en septembre : "ARNAL , el dibujante rojo".

 
   Bonjour à vous companeros,

  Prof d'Histoire en Lycée, passionné de BD et fils et petits fils de réfugiés républicains espagnols  -rojos aragonais- j 'ai eu l'occasion de participer en cette année de commémoration de la Retirada à maintes manifestations. 
Riches, émouvantes, les plus réussies d'entre elles furent celles qui insistaient sur les liens passé-présent, veillaient à restituer le côté vivant, éternel même, des valeurs défendues par nos ancêtres. 
C'est dans ce cadre là justement que je souhaite vous faire partager mes recherches. Centrées sur un personnage en particulier, elles vont pourtant bien au-delà.  Je m'explique=
 
 Depuis quelques semaines, suite à un travail de présentation des BD consacrées à la Guerre d'Espagne (visible, en partie, sur le site web "Espagne au coeur" des frères Farreny), je me suis intéressé au dessinateur espagnol Arnal. Mes recherches sur le père de Pif m'ont permis de découvrir qu'il y avait de grands pans méconnus de sa biographie : toute la période 1931-1946 de son Histoire. Je me suis rappelé aussi qu'en ce mois de septembre 2009, il aurait eu 100 ans.
 
 
Et pourtant, la vie d'Arnal et ses idéaux (qui gardent toute leur validité) méritent d'être rappelés = en 1939 et après la Retirada donc, le milicien républicain barcelonais José Cabrero ARNAL passe par les camps d'Argeles, St Cyprien et Agde,  par les CTE , connaît ensuite le Stalag puis la  déportation (à Mauthausen : matricule 6299). En une seule personne, il y a là pour moi comme un résumé des souffrances endurées dans l'exil espagnol.
Arnal est emblématique du vécu de nos pères. Et toutes les découvertes biographiques que je fais sur lui me conduisent à penser que s'il faut donner de la chair à cette Histoire, l'extirper des livres pour mieux en faire saisir la force et le sens -bref, faire de la bonne pédagogie- il faut sortir Arnal de l'oubli. Lui rendre hommage c'est rendre l'hommage qu'ils méritent à nos anciens, à leurs idéaux. 
  Outre quelques éléments iconographiques vous trouverez aussi en PJ. un article (résumé de mes recherches:1.1.2009,année Arnal) sur Jose Cabrero ARNAL, combattant républicain.
  Merci pour votre patience et à bientôt,
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                                       2009 est année ARNAL !        2009 es ano ARNAL !
                     Qui sortira enfin de l'oubli Jose Cabrero Arnal ?   Quien hablara de Jose Cabrero Arnal este ano ?
Il le mérite pourtant et bien que son oeuvre soit tenue pour "légère" , (puisque tournée vers les enfants, et les enfants de familles populaires, qui plus est ! et pire encore: du dessin, rien que du dessin !) elle n'en fut pas moins in-dis-pen-sable pour certains.
      Républicain, il a connu l'exil, le camp d'Argeles et même celui, très nazi, de Mauthausen. A survécu . Et pourtant il a su égayer notre jeunesse . 
Si quelques uns d'entre nous se souviennent encore un peu de ses traits pleins ou déliés comme on se rappelle des tartines à la confiture de grand-mère, s'ils n'oub lient pas ses petites vignettes colorées: une usine à rêves...de gamins ( de gamins seulement? ), qui pourrait encore citer son nom? ARNAL... 
                                ARNAL, el rojo desconocido ! Arnal, un "rouge" méconnu !
                     Arnal, el dibujante, padre de PIF el perro. Si-si, le père de PIF le chien !
                                                    En septembre 2009, il aurait eu 100 ans.
 
En  PJ donc, un article biographique , cliquez sur 1.1. 2009,année ARNAL... + sus dibujos/ses dessins ("la confiture", en couleur, et avec ses bonnes odeurs!). De quoi choisir... y por cualquier exposicion, intervencion, manifestacion sobre el republicano Arnal, claro, digamelo !
  Salud, Fraternidad y Viva la Republica!

 Philippe Guillen
 (Prof d'Histoire au LP J. Baylet de Valence d'Agen -82- y nieto de Vicente Guillen Pardina, republicano de la Bolsa de Bielsa: Presidente del Comite revolucionario del pueblo de Chisten/Gistain) ! No olvido !
 

                                  2009, année ARNAL !

                                    Année Qui ?… Année Quoi ?…

 

                                     ( un article de  Philippe Guillen )

 

                        Eh oui ! Arnal est bien méconnu aujourd’hui, et pourtant…..

  Pourtant, souvenez-vous espiègles Vaillants, rappelez-vous  joyeuses Vaillantes, vous l’avez bien connu autrefois. Mais bien sûr, me direz-vous :  Arnal, c’est le père de Pif, de Placid et Muzo et de tant d’autres encore.  Bref, l’un des grands noms de la BD de l’après-guerre ! Ses personnages et leurs aventures ont marqué les jeunes années de beaucoup d’entre nous.

  S’il n’avait pas eu la mauvaise idée de disparaître en 1982,  Arnal aurait eu 100 ans cette année. Rendons lui justice et sortons-le de l’oubli ! Pour de nombreuses raisons, il le mérite.

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   Tout d’abord une précision : combien savent que ce dessinateur se nommait en fait, José Cabrero Arnal ? Qu’il est né à Barcelone, un 6 septembre 1909, de parents aragonais venus en Catalogne pour des raisons économiques. D’abord ouvrier-ébéniste, José devient mécanicien (de machine à calculer) puis se lance dans la Bande Dessinée. Nous sommes alors au tout début des années 30 et l’Espagne vient d’en finir avec une Monarchie, à esprit étriqué,  passéiste, pour choisir la République (en avril 1931).

  C’est durant ces années là que notre jeune Arnal publie ses premières planches . A Barcelone, ville bouillonnante, cœur économique du pays,  quelques revues spécialisées destinées aux enfants (les »illustrés » disait-on en France) lui ont ouvert leurs portes . C’est ainsi qu’il dessine pour :

-         Mickey, version espagnole (preuve de son talent ; la sélection était rude)

-    TBO (célèbre revue qui donnera d’ailleurs son nom à la BD espagnole)

-         KKO ,

-         ou pour Pocholo.

  C’est dans cette dernière revue qu’il crée « Top el perro » -l’ancêtre ou papa de Pif-  qui devient  le héros d’un album : « les voyages extraordinaires du chien Top ». Un autre album paraîtra aussi sous ce titre: « Guerra en el pais de los insectos » ( guerra : prémonition ?).

  Sa carrière est maintenant lancée. Il n’a qu’une vingtaine d’années et il est promis à un bel avenir .

  Pourtant, le 18 juillet 1936, les généraux fascistes espagnols tentent un coup d’état. Le putsch est raté mais ce sont les débuts d’une sanglante et fratricide guerre civile de 3 ans. Arnal , comme bon nombre de ses amis de Pocholo ° choisit son camp: il se range du côté de la République !

   En 39 le milicien républicain José Cabrero Arnal connaît la défaite et comme tant d’autres, la « Retirada » : l’exil et de l’autre côté des Pyrénées, les camps du mépris (il est interné à Argeles, St Cyprien sans doute et puis Agde). Lorsqu’il en sort c’est pour rejoindre les Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE) mais très vite il est fait prisonnier par les soldats allemands qui viennent d’envahir la France. Depuis la prison-caserne Bougenel de Belfort, il est envoyé au Stalag XI-B et de là, déporté à Mauthausen (où il arrive le 27 janvier 1941). Dès lors il n’est plus qu’un matricule – le 6.299 – et travaille au magasin des vêtements du camp de la mort. C’est à ses talents de dessinateur, racontera-t-il plus tard, qu’il doit sa survie dans un camp où l’espérance de « vie » est pourtant très très courte .

 Après sa libération, en mai 1945, il gagne Paris et , lui qui vient d’échapper à l’enfer, connaît la misère, les nuits sur un banc…

« Cuando volvi de Mauthausen pasé mucho tiempo, muchas noches dormia en un banco. No tenia otro vestido que el de deportado y asi me paseaba por Paris. La gente, en el metro, por la calle me daba dinero por la pinta que tenia. Vivia en plena miseria. De tanto en tanto, dormia en un hotel donde via como saltaban los chinches desde el techo… » °

  Mais c’est à Toulouse où il est hébergé dans une famille d’accueil (quartier St Cyprien) qu’il se rétablit et rencontre sa femme. En 1946, Arnal revenu à Paris, est finalement embauché par l’Humanité et l’Humanité dimanche, son supplément hebdomadaire. C’est dans les pages de ce journal communiste qu’il crée Clopinet le canard, mais surtout Pif le chien ( premier strip ° un 28 mars 1948). Le sympathique toutou succède à Félix le chat qui disparaît donc : nous sommes en pleine Guerre froide et les origines américaines de Félix n’ont pas joué en sa faveur. Au même moment et parce qu’il est catalogué communiste – un rojo-, les autorités refusent de donner à Arnal la nationalité francaise. Quand la grande Histoire cogne dans la petite !..

  Arnal collabore aussi à Vaillant, journal proche du PC (le peintre et résistant René Moreu en est le rédacteur en chef), pour lequel il imagine  Placid et Muzo. Mais le succès de  son premier personnage est si grand qu’en 1965 , Vaillant est sous titré « le journal de Pif le chien » et sera même rebaptisé . En 1969, il devient « Pif gadget » .

   José Cabrero Arnal meurt  à Antibes, un 7 septembre 1982 (quasiment le jour de ses 73 ans), mais son œuvre lui survit, d’autant qu’avant sa mort même, et du fait de la fragilité de sa santé (séquelles des camps), d’autres lui succèdent et continuent Pif, Hercule, ou Placid et Muzo. Et si l’on ne doit en citer qu’un, souvenons-nous de Roger Mars qui donne un fils au fameux toutou : Pifou  (célèbre pour son talent oratoire: « Glop, glop !ou, Pas glop !»)

 

  Finalement c’est un peu grâce à Arnal, le petit catalan à grande imagination et aux doigts d’or, grâce au succès populaire de son chien de papier, que de jeunes dessinateurs vont être publiés ( d’abord dans Pif ) et  leurs personnages connus. Merci donc à José Cabrero ARNAL pour Rahan, docteur Justice, Corto Maltese, Loup noir, Le concombre masqué, Dicentim le petit Franc, Gai luron, la jungle en folie, Arthur le fantôme, Tristus et rigolus, Le grêlé 7-13, Corinne et Jeannot, Les pionniers de l’espérance, Jérémy et Fils de Chine °

 

    Muchas gracias Arnal,  y viva la Republica !

                                        

°1.  après la défaite de son camp la revue Pocholo  disparaît. TBO , quant à  elle, continue sous les années de plomb franquistes.

°2.  dans « Les catalans dans les camps nazis » - Montserrat Roig –

°3.  « strip » : terme désignant une bande ou ligne horizontale de 3 ou 4 cases, particulièrement adaptée à la publication en Presse écrite.

°4.  dans cet ordre, leurs auteurs (Grands de la BD) = Chéret et Lécureux, Marcello et Ollivier, Hugo Pratt, Kline et Ollivier, Mandryka, Kamb, Gotlib, Mic Delinx et Godard, Cezard (2 fois) Nortier et Lécureux,Tabary, Poivet, Paul Gillon.

 

Bibliographie =

Pif Gadget. La véritable Histoire - Richard Médioni_ Vaillant collector  (2003)

Une vie de Pif – René Moreu – Messidor/La Farandole (1983)

Les catalans dans les camps nazis – Montserrat Roig –

 

Un site =

htpp://www.coffre-a-bd.com/perioderouge/

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Luis Royo-Ibanez : "Je fonce sur Paris..."

Luis Royo-Ibanez : "Je fonce sur Paris..."

Par José Fort

Les cérémonies du 65 ème anniversaire de la libération de Paris ont eu lieu le 25 août  sur le parvis de l’Hôtel de Ville de la capitale. Le rôle des républicains espagnols n’a pas été évoqué. J’ai rencontré le survivant espagnol de la division Leclerc, Luis Royo-Ibanez à Cachan dans le Val-de-Marne.

Il était membre de la 9 ème compagnie qui participa à la libération de Paris à bord d'un Half-Track baptisé " Madrid ", en mémoire des combats contre les troupes franquistes près de la capitale espagnole. Ce Catalan engagé à l'âge de dix-sept ans dans l'armée républicaine raconte son parcours, de Madrid à Agde dans l'Hérault, de Marseille à Oran, du Maroc au pays de Galles, de Omaha Beach à Paris, jusqu'à sa blessure dans les Vosges. Ses camarades de combats, le général Leclerc, sa joie d'entrer dans Paris, le défilé sur les Champs-Élysées, les femmes tondues, les FFI. Voici son témoignage.

Q. Vous êtes un des premiers soldats de la division Leclerc qui ont participé à la libération de Paris. Après tant d’années, à quoi pensez-vous d'abord ?

Luis Royo-Ibanez. D'abord ? À mes dix camarades du Half-Track " Madrid " que je conduisais. Ils ont tous disparu. Je pense à mon chef de section Moreno, à ces dix Espagnols vaincus par les franquistes soutenus par les nazis et les fascistes italiens. Lorsque l'ordre nous a été donné par Leclerc de " foncer sur Paris ", nous étions ivres de joie et de bonheur. Nous allions participer, aux premières loges, à la libération de Paris, nous allions chasser les Allemands et surtout prendre notre revanche sur ceux qui avaient assassiné la République espagnole que nous défendions à l'époque avec des tromblons datant de la guerre 1914-1918. En débarquant en France, en combattant dans l'Orne, en pénétrant dans la capitale de la France, nous disposions d'un armement américain moderne. Je pense à mon Half-Track " Madrid ", à sa vitesse, à sa puissance de feu. Nous étions déterminés, bien armés et entraînés, bien commandés, bien guidés par les FFI. Les Allemands n'avaient, cette fois, qu'à bien se tenir.

Q. Vous avez débarqué à Omaha Beach le 1er août 1944. Saviez-vous que l'objectif était Paris ?

Luis Royo-Ibanez. Absolument pas. Nous avons combattu d'abord dans l'Orne, où a eu lieu la première rencontre avec la résistance chargée de nous renseigner. C'est un FFI espagnol qui nous a ouvert le chemin jusqu'à Alençon puis à Écouche. Dans cette ville nous avons libéré des aviateurs américains et nous avons eu nos premiers morts. Il a fallu attendre la relève (des Polonais) avant d'entendre l'ordre : " Objectif Paris ". Une des chenilles de mon Half-Track avait été touchée pendant les combats. Nous avons effectué une réparation de fortune avant de parcourir en une journée environ 200 kilomètres, pour une première halte près d'Arpajon. Pendant une inspection, Leclerc a repéré l'état de la chenille et nous a dit : " Il faut réparer. " Nous étions si pressés que nous lui avons répondu : " Elle a tenu deux cents kilomètres, elle tiendra jusqu'à Paris. " Le général a haussé le ton. Trois heures après et avec une chenille neuve, direction Antony. Les habitants sortaient des maisons, surtout les femmes, nous félicitaient, nous embrassaient alors même que les Allemands bombardaient toujours le coin. C'était bien agréable, très agréable, mais dangereux.

Q. Comment s'est déroulée votre entrée dans Paris ?

Luis Royo-Ibanez. Par la porte d'Orléans, et toujours guidés par les FFI car nous ne disposions d'aucun plan et ne connaissions pas la route. Avec un premier objectif : l'école militaire. Là, nous avons été accueillis par des tirs nourris provenant des maisons entourant les Invalides. Ce n'étaient pas les Allemands mais la milice française. Une fois cette poche éliminée, nous avons reçu l'ordre de rejoindre l'Hôtel de Ville, toujours en compagnie des FFI. Il y avait beaucoup de monde. Le Half-Track " Madrid " a pris position devant la porte centrale. Imaginez notre joie et notre fierté. Pourtant, un événement nous a choqués. Plusieurs individus ont entraîné des femmes pour les tondre sur la place. Un spectacle insupportable, qui en rappelait d'autres : les troupes franquistes pratiquaient de la même manière en Espagne. Nous les avons dispersés en leur disant : " Vous voulez en découdre ? Alors prenez les armes, partez sur le front, combattez les Allemands et laissez ces femmes tranquilles. " Ils ont quitté les lieux. Je sais qu'ils ont continué un peu plus loin leur sinistre besogne. Nous avons demandé à nos officiers d'informer Leclerc.

Q. Vous affirmez avoir été " bien commandés ". Quel souvenir gardez-vous du général Leclerc, un aristocrate qui disait de vous : " Je commande une troupe de rouges, mais quel courage. " ?

Luis Royo-Ibanez. Leclerc n'était pas un général français. C'était un véritable général républicain espagnol, comme ceux qui nous commandaient pendant la guerre contre les franquistes. Je vous explique. Leclerc était intelligent, courageux et d'une grande simplicité. Il exigeait et obtenait une discipline rigoureuse avant et pendant les combats. Après, il redevenait un homme parmi les autres, une attitude peu courante chez les officiers supérieurs français. Nous avions pour Leclerc un immense respect et beaucoup d'affection.

Q. Après la libération de Paris, vous avez poursuivi le combat.

Luis Royo-Ibanez. J'ai participé au premier défilé sur les Champs-Élysées. Puis nous avons pris la route de Troyes, Chaumont, Vittel. J'ai été blessé un peu plus tard dans les Vosges. Après avoir été soigné sur place, j'ai été rapatrié par avion à Oxford avant de revenir en convalescence en France, à l'hôpital de Saint-Germain. J'ai été démobilisé en 1945. Je croyais, à l'époque, que Franco et Madrid seraient nos prochains objectifs. Vous savez ce qu'il est advenu.

Q. C'est en Espagne que vous avez combattu pour la première fois. Comment avez-vous rejoint plus tard la division Leclerc ?

Luis Royo-Ibanez. En 1938, à dix-sept ans, je me suis engagé dans l'armée républicaine. J'ai été blessé à la jambe et à la joue au cours de la célèbre bataille de l'Ebre. Puis j'ai participé à la relève des Brigades internationales à Tortosa. En février 1939, j'ai pris la route de l'exil, comme des dizaines de milliers d'autres, en franchissant à pied les Pyrénées sous la neige et le froid pour finir parqué pendant plusieurs mois dans une baraque avec 250 autres Espagnols, à Agde, dans l'Hérault. Des cousins ont réussi à me faire sortir. J'ai travaillé dans les vignes et, un certain 18 juin 1940, j'ai entendu l'appel du général de Gaulle. Ce jour-là, mes cousines cherchaient une station diffusant la musique à la mode lorsque nous sommes tombés, par hasard, sur Radio Londres. À l'époque, deux possibilités s'offraient à moi : le travail en Allemagne ou le retour forcé en Espagne avec au mieux la prison, au pire l'exécution. J'ai alors choisi de m'engager dans la Légion, à Marseille. Avec quinze autres Espagnols, nous avons été expédiés à Oran puis au Maroc avec une seule idée en tête : rejoindre les alliés. Plus tard, lorsque l'occasion s'est présentée, j'ai déserté pour rejoindre Leclerc. Un voyage de deux mille kilomètres à pied, en camion, en chameau. J'étais jeune et costaud ! Le souvenir de mes copains du Half-Track " Madrid ", depuis soixante ans, ne m'a jamais quitté. J'aimerais leur dire : combien nous étions heureux de libérer Paris, de vaincre les nazis ! Combien nous étions malheureux que le combat s'arrête aux portes des Pyrénées, permettant ainsi à Franco de se maintenir au pouvoir pendant plus de trente ans ! J'aimerais leur dire aussi : notre rôle dans les combats de la Libération a été passé, presque, sous silence.

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