Fanny Schoenheyt, née en 1912 à Rotterdam, est une néerlandaise installée en Espagne depuis 1934. Elle est journaliste et travaille pour le journal néerlandais « Nieuwe Rotterdamsche Courant ».
Elle fréquente les milieux intellectuels, artistiques. Invitée en qualité de critique d’art elle voyage en Union Soviétique.
A la fin de l’année 1934, elle décide de quitter la Hollande qu’elle trouve « poussiéreux, vieux jeu, plat et ennuyeux », et rejoint Barcelone. Elle va suivre, en qualité de journaliste, les Olimpiada Popular qui doivent s’ouvrir en juillet 1936 à Barcelone. Elle rencontre à cette occasion de nombreux réfugiés politiques italiens, allemands, qui sans doute motiveront son engagement. C’est la seule femme du contingent néerlandais à avoir pris les armes pour défendre la république espagnole.
Très tôt, en juillet/août 36, elle rejoint les milices antifascistes sur le front d’Aragon, dans lesquelles elle combat jusqu’en novembre, d’où, blessée, elle sera évacuée. 
Fanny Schoenheyt acquiert très vite une grande célébrité due aussi bien à son courage qu’à sa maitrise technique des armes. Les journaux de Barcelone, de « La Noche », anarchiste, jusqu’au très populaire « Vanguardia », publient de longues interviews de celle qu’ils appellent « la reina de la ametralladora » (la reine des mitrailleuses). Le journaliste de « La Noche » est séduit par cette femme grande, aux cheveux blonds (« réellement blonde, pas décolorée ») aux yeux bleus, comme un lac nordique. Fanny, comme elle l’écrira à plusieurs de ses amis, n’apprécie pas toujours ces portraits.
Elle était proche du PSUC (la branche catalane du Parti communiste espagnol). Selon sa biographe, Yvonne Scholten journaliste hollandaise, elle aurait participé à la défense du siège du PSUC, l’Hôtel Colon à Barcelone avec sa mitrailleuse installée sur le toit de l’hôtel. Elle restera plus que discrète quant à son engagement, sa fille ignorait tout de la vie de sa mère avant sa naissance.
Désireuse d’apprendre à piloter un avion, elle part en stage à Toulouse, puis Paris. Son projet n’aboutit pas. En février 1940 elle émigre en République dominicaine, sous le régime du dictateur Trujillo. C’est là qu’elle donne naissance à une fille en avril 1940.
Déchue de sa nationalité pour avoir combattu en Espagne, elle ne peut rentrer aux pays Bas qu’en 1957, où elle meurt en 1961.
Alain BUJARD