Le temps des cerises c'est mieux que le temps des grenades.

(Billet d’humeur du 29 mai 2011)

 

Y’à des jours comme ça. De rares instants privilégiés. T’es au milieu de gens inconnus. Ils portent des foulards rouges, des drapeaux rouges, des noirs, des rouges et noirs.

T’achètes un œillet proposé. Des types viennent te serrer la main parce que tu es là. Simplement là. D’une poignée, une foule prospère, s’agglutine, enfle, se peuple. Il faut entrer. Les plus âgés marchent allégrement vers le « lieu de mémoire ».

La chaussée se couvre d’un long cortège qui se dirige vers le « mur des Fédérés ».

L’annonce au micro des nombreuses associations, groupes, sections, partis, amicales qui soutiennent « La Commune ».

Notre drapeau est photographié.

Au nom de l’ACER, cité au micro, je hurle « No Pasaran ».

La foule applaudit, puis chante le poing serré brandi : « le drapeau rouge », « Elle n’est pas morte », « L’Internationale », « le Temps des cerises ». De nombreuses gerbes sont déposées.

Quelques enfants accompagnent les parents. Une forte délégation Luxembourgeoise honore d’une énorme couronne de fleurs l’emplacement.

Tu te retrouves fier d’être là. Tout connement fier. Fier … mais fier à ne pas y croire. Fier d’être pour une fois en harmonie, en osmose, sans quête d’une reconnaissance, d’un avantage quelconque. Une matrice ?. Le reconnaissant c’est toi qui rend hommage aux glorieux disparus. T’es lavé des miasmes qui finalement te contaminent le sens politique, à l’insu de ….

Ta façade noircie par l’accumulation de ces potes pourris, retrouve par le sourire, la virginité d’un idéal intacte. Une peau de bébé Cadum. Un cadeau. « Le temps des cerises » ne m’a jamais tant ému qu’aujourd’hui. Chanson tendre, chant d’amour devenu emblématique auquel J.B. Clément aurait ajouté un couplet pour en renforcer l’indignation «  … une plaie ouverte, et dame fortune en m’étant offerte, ne pourra jamais calmer ma douleur ». Emotion, sentiment de retrouvailles provoqué par l’âge ?. Ou la perception de vibrations qui nous accordent avec « eux », ceux du passé, ou avec les enfants portés sur les épaules, qui sauront et seront demain … Je pense à un Léger déporté à l’Ile des Pins en Nouvelle Calédonie, à Louise Michel, à Dombrowsky, à Vallès, à Henri Rol Tanguy, à Pierre Rebière qui sont là avec nous tant que les « héritiers » se masseront pour les honorer.

Michel LEGER