La nueve

Ou les oubliés de la victoire

Ou les espagnols de Leclerc

 

Le fim, un documentaire de 52 minute d’ALBERTO MARQUARDT

 

Il y a ces images : des blindés arrivent sur Paris, ils passent la pancarte La croix de Berny, puis entrent dans la capitale par la Porte d’Italie, hésitants cette fois. Un peu plus tard, deux jours après, les mêmes sur les Champs-Elysées. D’autres images, les actualités. Elles racontent la 2DB, les FTP, Paris libéré, l’honneur sauvé de la France par ces combattants sortis de l’ombre. De Gaulle peut descendre les Champs-Elysée puis se rendre à Notre-Dame.

Un détail pourtant sur ces blindés, des noms, comme il est de coutume, mais ce sont les noms des grandes batailles de la guerre civile d’Espagne : Ebro, Teruel, Guadalajara, Guernica. C’est à partir de ces « détails » que commence l’enquête d’Alberto.

Pourquoi des noms espagnols ?

La réponse à cette question a conduit Alberto à remonter le temps : parce que les Républicains espagnols furent les premiers à comprendre que la Guerre mondiale avait commencé un certain 27 avril 1937, quand les avions des légions Condor d’Hitler déversèrent leurs bombes sur Guernica, parce que pour ces combattants de la liberté, il ne pouvait y avoir d’Armistice avec le diable, et que les racines de la guerre n’étaient pas à chercher dans l’effondrement moral de tel ou tel gouvernement de front populaire, mais dans l’avènement d’une barbarie jusque là inconnue.

L’histoire de la Nueve, c’est celle de paysans, d’artisans, d’instituteurs, « projetés » sans crier gare dans l’Histoire, arrachés à leur condition, leur quotidien, et qui relèvent le défi qui leur est ainsi imposé, sans faillir, jusqu’au bout, malgré les épreuves, malgré Vichy, malgré son armée, malgré les camps, ceux de la frontière puis ceux en Afrique du Nord, malgré même l’appui des vainqueurs à Franco.

L'histoire de la Nueve c'est celle que nous raconte Manuel FERNANDEZ et Luis ROYO IBANEZ, l'un parti du village de Marentes dans les Asturies, l'autre de Barcelone. Ils n'avaient pas 20 ans quand ils ont rejoint les rangs des républicains espagnols. Ils ne savaient pas alors que leur engagement les mèneraient, 10 ans plus tard jusqu'au nid d'aigle d'Hitler.

Ils n'avaient eu de cesse d'abattre le facisme et pourtant ils assisteront impuissant à l'adoubement de Franco par les alliés auprès de qui ils avaient combattus. Ils en ont payé le prix, interdits de séjour dans leur pays, oubliés d'une histoire qui s'est écrite sans eux, ils ne regrettent rien de leur engagement, d'avoir préféré la liberté aux mensonges et à la tyrannie.