Joan Sales : le roman infini





 



Critique
Joan Sales : le roman infini
LE MONDE DES LIVRES | 19.04.07 | 12h14  •  Mis à jour le 19.04.07 | 12h14


e ne sont que deux mots volés à un vers de Shakespeare, pour faire une page de titre : "gloire incertaine". Deux paroles inquiètes, ardentes, diaboliquement ajustées au roman qu'elles annoncent. Pas seulement parce qu'elles évoquent l'intrigue passionnelle et belliqueuse de ce livre, adroitement menée pendant la guerre d'Espagne parmi les rangs républicains. Mais aussi parce qu'elles épousent le destin de ce grand roman, sans cesse réécrit par la main inquiète de son auteur, Joan Sales, depuis sa première publication en 1956 jusqu'à sa mort en 1983.

Gloire incertaine est l'oeuvre de sa vie. Celle d'un jeune nationaliste catalan, militant communiste vite devenu sceptique, conspuant les fascistes mais aussi la terreur rouge, engagé à 24 ans dans les rangs républicains jusqu'à la défaite des siens en 1939. Celle d'un homme vaincu, parti en exil au Mexique puis rentré au pays sous Franco, en espérant résister de l'intérieur, notamment comme éditeur. Bref, d'un homme d'inconfort sans autre credo, dans ces années partisanes, qu'une foi tourmentée.

 

Il y a soixante-dix ans, Guernica

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Rubrique
International
Article paru dans l'édition du 26 avril 2007

HISTOIRE
Il y a soixante-dix ans, Guernica

Barbarie . Le 26 avril 1937 amplifiant leur stratégie de guerre totale, Hitler et Franco font massacrer sous un déluge de bombes la population de la petite ville basque sans défense.

 

 

J’étais il y a quelques semaines à Guernica, à la rencontre de témoins oculaires du drame. J’ai pu mesurer encore et toujours, dans les rues paisibles de la petite ville, la difficulté à parler, notamment chez les personnes âgées, aux portes mêmes du musée. « C’est du passé, du passé. » C’est que le 26 avril 1937 renvoie au plan d’extermination mis en oeuvre systématiquement en Espagne par les franquistes, et ailleurs par les nazis. Nombre d’historiens reconsidèrent aujourd’hui le concept de « guerre civile entre frères », longtemps utilisé pour renvoyer dos à dos, par une fausse symétrie, les uns et les autres...