Article paru le 22 décembre 2008 Image

Politique

Cécile Rol-Tanguy, décorée

 
distinction . L’épouse d’Henri Rol-Tanguy a reçu les insignes de commandeur de la Légion d’honneur.

Rol-Tanguy et Aubrac, Aubrac et Rol-Tanguy, deux patronymes pour quatre résistants chers à la mémoire des Français libres : Henri, Cécile, Raymond, Lucie. Les deux premiers ont libéré Paris, avec l’appui du général Leclerc. Les deux autres ont mené la Résistance lyonnaise avant de rejoindre le général de Gaulle à Londres. Le 18 décembre dernier, Cécile Rol-Tanguy recevait des mains de Raymond Aubrac les insignes de commandeur de l’Ordre national de la Légion d’honneur, en présence de Bertrand Delanoë et de Jacques Chirac. « Toi et moi sommes témoins de deux couples dont les destins sont assez parallèles, rappelait Raymond Aubrac dans son hommage. Il n’y a pas d’Henri sans Cécile », comme il n’y a pas de Raymond sans Lucie. De fait, les destins de Cécile Le Bihan, dactylo et fille d’un des fondateurs du PCF, François Le Bihan, et d’Henri Rol-Tanguy, ouvrier métallurgiste et militant syndicaliste, sont indissociables. Mariés en 1939, ils se connaissaient déjà avant : Cécile Le Bihan étant la marraine de guerre d’Henri Rol-Tanguy, alors engagé dans les Brigades internationales et parti combattre en Espagne. En 1940, après l’arrestation de son père pour activité communiste, Cécile entre dans la clandestinité. « Naturellement, car c’était la suite logique de mon engagement syndical et politique », affirme-t-elle encore aujourd’hui. Henri Rol-Tanguy, démobilisé, la rejoint dans un Paris déserté, entre à son tour dans la Résistance et, grâce à elle, renoue avec ses compagnons. Sans jamais hésiter, elle épousera tous ses engagements et ses combats, devenant à la fois son agent de liaison et sa secrétaire. Engagements et combats que la République se devait d’honorer en la décorant de l’une de ses plus hautes distinctions. Et Cécile Rol-Tanguy, bon pied bon oeil, de préciser : « Cette décoration, je l’accepte pour toutes ces femmes de la Résistance qui n’ont jamais rien eu, qui, la guerre finie, sont rentrées chez elles et ont repris leur vie. Toutes ces femmes de la Résistance populaire, auxquelles je ressemble et que je représente un peu. »

Jérôme-Alexandre Nielsberg