Laurent JAMET, Premier Adjoint au Maire de Bagnolet

 

Chère Lise London, Officier de la Légion d’Honneur,

Chère Cécile Rol-Tanguy, Commandeur de la Légion d’Honneur, toutes deux présidentes d’honneur de l’ACER, 

Cher Jean-Claude Lefort, co-président des Amis des Combattants en Espagne Républicaine, député honoraire, fils de brigadiste,

Cher Philippe Guistinati, président de l’association «Les Garibaldiens»,

Cher Christian Joineau, qui a rendu cette journée possible,

Madame la conseillère générale de Bagnolet, vice-présidente du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, 

Mesdames et Messieurs les brigadistes et enfants de brigadistes,

Mesdames et Messieurs les membres du conseil municipal,

Mesdames, Messieurs, Mes chers amis,

 

Dès le mois d'août 1936, en dépit des accords dits de non intervention, l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste soutiennent activement les troupes de Franco.

Hitler, Mussolini, Salazar, font parvenir à Franco des avions, des mercenaires, des armes lourdes, des blindés, sans parler du soutien diplomatique. Celui-ci proclame qu'il prendra Madrid avant le 12 octobre.

La passivité des pays démocratiques dont la France et l’Angleterre, indigne les antifascistes du monde entier.

Le 1er octobre 1936, le premier noyau de volontaires appelés à former les Brigades Internationales arrive à Alicante.

On en comptera 35.000 accourus d'Europe et d'Amérique pour défendre la jeune République Espagnole attaquée par les troupes franquistes, les armées hitlériennes et mussoliniennes.

10.000 d'entre eux y feront le sacrifice de leur vie.

Ces hommes et ces femmes qui affluent du monde entier pour se battre aux côtés de leurs frères espagnols sont Français, Tchèques, Américains, Italiens, Allemands, Cubains. Ils sont de partout. Ils ont tout quitté, laissant derrière eux : travail, femmes et enfants, parents, frères et sœurs.

Qui étaient-ils ? Des intellectuels, des médecins, des travailleurs, des communistes des socialistes, des antifascistes.

Quelles étaient leurs motivations ? Tous haïssaient le fascisme, et la plupart s'engageaient par internationalisme et solidarité. Ils avaient soif de liberté, conscients qu'en défendant l'Espagne ils protégeaient leur propre pays.

De fait, une immense et multiforme solidarité se met en route partout dans le monde : solidarité sanitaire et médicale (des médecins, infirmières, chirurgiens se rendent en Espagne avec matériel et médicaments, on pense bien évidemment à notre regrettée Yvonne Robert qui aux côtés du Docteur Rouquès joua un grand rôle auprès d’André Marty pour organiser le service sanitaire des Brigades); solidarité syndicale (on achemine des véhicules, des vêtements, des vivres); solidarité humanitaire (on collecte de l’argent, du lait en boîte, de la nourriture pour enfants).

Tout cela est coordonné et en particulier depuis les banlieues ouvrières, par le «Comité International d’aide au Peuple Espagnol».

Des avions et des armes passent en France, avec la complicité de quelques ministres et les bateaux de France Navigation qui font la navette entre l’URSS et l’Espagne.

Mais, bien sûr, la solidarité majeure, c’est le recrutement de volontaires pour lesquels la France joue le rôle de plaque tournante.

De Bagnolet, partiront 74 volontaires dans les Brigades Internationales, dont 31 dans le Bataillon italien «Garibaldi» de la XIIème Brigade.

13 périront au front, 4 des suites de la guerre dont Joseph Lefort, le père de Jean-Claude en 1952.

Et sur les 57 revenus d’Espagne, 30 au moins ont été recensés comme Résistants.

André Marty est désigné par l’Internationale communiste pour la représenter auprès de la République espagnole et une délégation (1 Italien, 1 Polonais, 1 Français) est reçue pour discuter des conditions d’envoi de volontaires étrangers pour défendre la République.

Le ministre Martinez Barrio, qui les reçoit, leur pose la question suivante: «Dans quelles conditions voulez-vous participer à notre lutte?» Leur réponse: «Nous ne posons aucune condition. Nous ne désirons qu’une chose: que les Brigades Internationales soient considérées comme des unités uniquement subordonnées au gouvernement et à ses autorités militaires; qu’elles soient utilisées comme troupes de choc, en tous lieux où ce sera nécessaire».

C’est dans cet esprit que se constituèrent les Brigades Internationales dont la formation était approuvée le 22 octobre 1936 par le gouvernement républicain espagnol.

Les volontaires internationaux firent une déclaration se terminant ainsi:

«Je suis ici parce que je suis un volontaire, et donnerai, s’il le faut, jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour sauver la liberté de l’Espagne, la Liberté du Monde entier».

Le 22 octobre, le Gouvernement espagnol donne son accord: six Brigades regrouperont les étrangers, organisées par affinités linguistiques et seront incorporées à l’armée républicaine (175 Brigades): leur QG sera à Albacete. Elles seront envoyées sur les points les plus «durs» et, pour commencer, à Madrid où l’ennemi est dans les faubourgs, à la Cité Universitaire. Et Madrid ne tombera que fin mars 1939.

L’hommage que nous rendons aujourd’hui aux 74 Bagnoletais brigadistes internationaux et à travers eux à tous les républicains volontaires venus de toute la France, d’Europe et du Monde, est un hommage au courage, au dévouement, à l’attachement indéfectible aux valeurs de la république, de la démocratie, de la paix.

Ce 13 juin 2009 n’est pas une réunion supplémentaire d’anciens combattants pour faire vivre le souvenir. Nous sommes là pour donner aux citoyens d’aujourd’hui et aux générations futures, à travers l’histoire de nos pays en Europe, les clés pour comprendre le monde. C’est donner à voir, que quand la démocratie et la république ont été en danger, des femmes, des hommes, des immigrés, ont su mettre leur force et parfois leur vie au service de la liberté et de la paix dans une solidarité internationale exemplaire.

Vous, qui êtes ici parents et descendants de ces 74 brigadistes, vous, qui en étiez et vous, qui plus tard dans la résistance, dans les FTP-MOI avez poursuivi le combat, nous sommes fiers de vous accueillir et de vous rendre hommage.

Et je veux terminer par les mots de ce petit poème écrit par un brigadiste.

Il dit ceci:

«Si la balle me frappe,
si ma vie s'en va,
descendez-moi,
silencieux à la terre.

Laissez les mots,
inutile de parler,
celui qui est tombé
n'est pas un héros.

Il forge des temps futurs,
Il désirait la paix,

pas la guerre.»

Je vous remercie.