Hommage à Marcel MAIGROT, ancien brigadiste.

Hommage à Marcel MAIGROT, ancien brigadiste.

Samedi 9 juillet à NANTES

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Nous avons rendu hommage à Marcel MAIGROT à NANTES en présence de sa veuve Renée et de ses amis. Ce fut un hommage émouvant. 

A la cérémonie étaient représentés :

  • Le Maire de Nantes en la personne de Gérard FRAPPIE, Adjoint chargé de la Mémoire,
  • L'ARAC,
  • L'Union départementale de la CGT,
  • Le Comité du souvenir des Fusillés de Chateaubriant et Nantes et de la Résistance.

L'ACER a déposé une gerbe et une plaque (voir photos) sur la tombe.

Pour rendre compte de cet hommage au cimetière du Parc nous joignons quelques photos (à venir) et le discours prononcé à cette occasion par Jean-Paul CHANTEREAU, Secrétaire général adjoint de l'ACER.

Merci à Manuel DURAN, délégué régional de l'ACER et à Joël BUSSON Président du Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance, pour l'organisation de cet hommage à Marcel MAIGROT.

 

Discours de Jean-Paul CHANTEREAU, pour l'ACER

 

Madame, Monsieur le Maire, Chers amis et chers camarades,

 

C’est dans sa centième année que Marcel MAIGROT, ancien volontaire engagé dans les BI nous a quittés à la fin du mois de  mai de cette année.

Marcel MAIGROT est de cette génération qui s’est sentie et interpellée et concernée après les événements, après le coup d’état de la hiérarchie militaire espagnole le 18 juillet 1936, avec, à sa tête, les généraux Mola et Franco, contre le gouvernement de Front Populaire de la République de ce pays. Les enjeux de la tragédie de la République espagnole laissent alors peu de monde indifférent.

 

Disposant d’une expérience militaire acquise dans la Légion étrangère, Marcel MAIGROT s’engage en octobre 1936 dans les BI Il dira plus tard, « c’était le moment de faire quelque chose pour l’ouvrier… »

 A ses débuts, cette guerre sera surtout perçue par l’opinion publique comme une guerre civile. Un affrontement entre la République et la rébellion franquiste.  Mais cette perception restrictive du coup d’Etat de la droite espagnole contre le gouvernement de Front Populaire, issu des élections de 1936, sera assez vite invalidée par l’entrée en scène de nouveaux acteurs : en effet, ce coup d’Etat révèlera très vite les complicités, la nature et l’ampleur de la conspiration contre la République espagnole. Des événements qui surviennent dans un monde alors en crise, porteurs de graves menaces.

Dès le mois d’août 1936, en dépit des accords dits de « non intervention », l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, soutiennent activement les troupes de Franco. Hitler, Mussolini et Salazar font parvenir à Franco des avions, des mercenaires, des armes lourdes, des blindés sans parler du soutien diplomatique. Assuré de ces complicités, de ces appuis, Franco proclame qu’il prendra Madrid avant le 12 octobre 1936 !

Le sursaut du peuple espagnol contre ce coup d’Etat et la résistance que celui-ci lui opposera dans la plupart des grandes villes espagnoles, conduira à mettre en évidence les concours actifs et les complicités sur lesquels Franco s’est appuyé dès le début du soulèvement contre la République espagnole. L’aide massive qui sera fournie par les fascistes allemands et italiens aux rebelles fit de la guerre d’Espagne le premier théâtre d’opérations de la seconde guerre mondiale. Il est aussi d’usage de dire que la guerre d’Espagne fut l’antichambre de la seconde guerre mondiale. La passivité des pays « démocratiques » dont la France et l’Angleterre, « indignent » alors, et interpellent les démocrates et les antifascistes du monde entier à l’instar de Marcel MAIGROT.

 

Le gouvernement de Front Populaire espagnol demandera l’aide de la France dès la fin du mois de juillet 1936. Invoquant les pressions exercées par l’Angleterre  et la City en particulier, Léon Blum, Président du Conseil du gouvernement Français, après avoir donné l’impression, dans un premier temps, qu’il aiderait la République espagnole, se résoudra, finalement, après bien des tergiversations, des atermoiements, à adopter la politique dite de « non intervention ». C’est la France qui proposera la formule. C’est dans ce contexte et dans ces conditions que seront créées, par décret de la République espagnole, le 22 octobre 1936, les BI dont nous allons commémorer cette année, en octobre prochain, le 75ème anniversaire à Paris, à Madrid, à Albacete et à Barcelone.

 

Marcel MAIGROT fera partie des premiers volontaires engagés dans les BI. A la base internationale d’Albacete, au vu de ses états de service militaires, il sera affecté dans la cavalerie.

Les BI étaient majoritairement composées de travailleurs manuels et intellectuels. Les volontaires recouvraient l’arc-en-ciel des sensibilités de l’antifascisme mondial : des syndicalistes, des sans parti, des socialistes et des communistes généralement en plus grand nombre. On en comptera 35.000, accourus d’Europe et d’Amérique pour défendre la jeune République espagnole attaquée par les troupes franquistes, les unités militaires d’élite de l’Allemagne hitlérienne (la légion Condor) et de l’Italie Mussolinienne(les flèches noires). « Levés avant le jour » pour paraphraser Arthur LONDON, ces volontaires avaient intuitivement compris et pressenti ce qui se jouait en Espagne, conscients pour la plupart d’entre eux, pour les français notamment, qu’en défendant l’Espagne républicaine, ils protégeraient leur pays. Ces hommes et ces femmes qui affluent du monde entier (ils venaient de 53 pays)  pour se battre aux côtés des républicains espagnols sont français, chèques, américains, italiens, allemands, cubains etc.. Ils ont tout quitté, laissant derrière eux  travail, et famille. Sur les 9500 volontaires français engagés dans les BI, 3500 reposent en terre d’Espagne. Sur un total de 35000 volontaires, 10.000 d’entre eux feront le sacrifice de leur vie en Espagne républicaine.

 

Dans les faits, c’est bien d’une immense et multiforme solidarité internationale avec l’Espagne républicaine qui se mettra en place partout dans le monde :

  • solidarité sanitaire et médicale (des médecins, des infirmières, des chirurgiens se rendent en Espagne avec du matériel et des médicaments),
  • solidarité syndicale : on achemine des véhicules, des vêtements, des  vivres,
  • solidarité humanitaire : on collecte de l’argent, du lait en poudre, de la nourriture pour les enfants, etc.

Tout cela est coordonné depuis les banlieues ouvrières de Paris (Montreuil, Bagnolet, Ivry sur Seine  etc.…) par le « Comité international d’aide au peuple espagnol).

 

En outre, des avions et des armes passent en France avec la complicité de quelques membres du gouvernement français (Pierre Cot…) et les bateaux de « France Navigation » qui font la navette entre l’URSS et l’Espagne.

 

Mais, bien sûr, la solidarité majeure c’est l’engagement dans les Bi, le recrutement de volontaires pour lesquels la France, et Paris en particulier, jouent le rôle de plaque tournante. A Paris, le bureau de recrutement central était situé rue Lafayette, non loin du siège parisien du PCF, tandis que la Maison des syndicats, rue Mathurin Moreau, devenait le plus important lieu de sélection des volontaires. C’est de là que serait parti Marcel Maigrot, en octobre 1936 avec sa feuille de route pour Albacete, la base internationale ;

 

En décembre 1936, poursuivant leur avancée vers le nord en direction de Madrid, les franquiste enfoncent les lignes républicaines en Andalousie. Avec les premières unités de la XIVème Brigade alors en formation, Marcel MAIGROT  rejoint le front d’Andujar. L’objectif assigné à la XIVème Brigade est de stopper la progression des fascistes. Son premier engagement a lieu au milieu des oliviers pour tenter de reprendre aux franquistes le village de Lopera près de Cordoue .Près de 800 combattants de la XIVème Brigade périront dans cet engagement.

 

En janvier 1937 l’escadron de cavalerie de la XIVème  Brigade dans lequel il est affecté est engagé dans la contre-attaque républicaine de Las Rosas. Le parcours de Marcel MAIGROT pendant la guerre d’Espagne sera pratiquement celui de toutes les grandes batailles de la République dans lesquelles les Brigades ont été engagées :

  • La défense de Madrid avec la bataille du Jarama en février 1937,
  • Contre l’offensive franquiste en Biscaye en Mars 1937,
  • Contre l’offensive franquiste en Aragon en mars 1938,  à Caspe,
  • En juillet 1938 son unité de cavalerie est engagée dans l’offensive de l’armée républicaine pour la traversée de l’Ebre. Sur les 1000 combattants des unités de la XIVème Brigade qui ont réussi à traverser l’Ebre le 25 juillet 1938, seule une centaine de combattants reviendront.

Après la démobilisation des BI à Barcelone en novembre 1938 et la défaite militaire de la République espagnole en mars 1939, les événements politiques et militaires se précipitent en Europe Hitler, Mussolini et Franco exultent et savourent leur victoire sur les décombres de la République espagnole. Hitler se prépare désormais à envahir la Pologne conformément à ses desseins.

 

De retour à Paris  Marcel MAIGROT est mobilisé en 1939. Il connaîtra les durs moments de la débâcle et de l’humiliation de l’armée française en juin 1940.Il ne se  résoudra pas à la défaite et à l’occupation. Il entrera en contact avec la Résistance. Il rejoindra les FTP (Franc Tireurs et Partisans) à St Nazaire. Après la guerre, Marcel MAIGROT s’établira à Nantes et travaillera comme docker sur le port. Il sera membre de l’AVER. (Amicale des Volontaires en Espagne Républicaine).

L’hommage que nous rendons aujourd’hui à Marcel MAIGROT s’adresse,égalment, à travers lui, à tous les autres volontaires venus de France et du monde entier pour témoigner et exprimer concrètement leur solidarité active avec la République espagnole, dans sa résistance contre le fascisme.

L’hommage que nous rendons à Marcel MAIGROT c’est aussi un hommage au courage, au dévouement et à l’attachement aux valeurs de la République, de la démocratie et de la paix. Ce n’est qu’en décembre 1996 que la République française accordera aux Brigadistes français la qualité d’ancien combattant à l’occasion du transfert des cendres d’André Malraux au Panthéon Aujourd’hui, l’ACER s’attache à préserver le souvenir et la mémoire de ces volontaires, de ces femmes et de ces hommes dont le récit constitue la trame de l’épopée des BI.

Il nous faut retenir le sens de l’engagement qui fut le leur. Fidèle à l’exemple de nos aînés, à  cette mémoire, l’ACER et tous nos amis ont à cœur de porter et de faire partager les idéaux qui fondaient cet engagement : l’antifascisme, l’internationalisme, la démocratie et la  solidarité.

 

Comme nous le répétons  souvent, il ne s’agit pas pour nous d’une mémoire repliée sur le seul souvenir, non, mais d’une mémoire prenant appui sur le souvenir pour construire les luttes et les résistances d’aujourd’hui et de demain. La mémoire est un combat qui se conjugue au présent et qui fait le lien avec les enjeux sociaux et politiques d’aujourd’hui. Ne nous y trompons pas. Comme hier, dans sa version new-look des dogmes du libéralisme économique, le capitalisme mondialisé traverse une crise d’une ampleur inédite. Le désarroi et le désespoir social du monde du travail et des classes moyennes que provoque cette crise s’accompagnent de la résurgence partout en Europe de la xénophobie et des idéologies d’exclusion de droite et d’extrême droite, en un mot, d’une nouvelle montée des périls. Cette situation doit interpeller les consciences et tous les progressistes. S’il est un enseignement à retenir de l’épopée des anciens d’Espagne et de la Résistance, c’est bien que le verbe « résister » doit se conjuguer au présent.

Il est, en effet, urgent de développer les résistances d’aujourd’hui pour sauvegarder les avancées du CNR (les acquis d’entre aide et de solidarité)et pour refuser « l’inhumanité » des conceptions économiques et politiques d’une société dite « de la concurrence libre et non faussée » assujettie à la dictature des marchés financiers et à ses dogmes ; Un monde, en Europe et dans le monde de plus en plus attentatoire à la démocratie et à nos libertés. Il est urgent d’agir pour une « humanité » reposant sur la justice sociale, la démocratie, les libertés et la paix.

Remettons au grand jour l’action et les valeurs d’engagement de nos aînés des BI et de la Résistance. C’est bien de cela dont il s’agit encore aujourd’hui.

C’est le plus bel et le plus grand hommage que nous puissions rendre à Marcel MAIGROT et à tous ses camarades des BI et de la Résistance.

Soyons dignes de l’engagement et des combats qui ont été les leurs pour un monde meilleur, plus fraternel, pour la démocratie et la liberté.

Pour conclure cette intervention je voudrais remercier Manuel DURAN, délégué régional de l’ACER, Jean-Claude BREMAND, ainsi que tous ceux qui ont concouru à l’organisation de cet hommage à Marcel MAIGROT : l’ARAC, Joël BUSSON, Président du Comité du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

                                                       

 

Hommage à Fanny Edelman

Hommage à Fanny Edelman

            L’Amicale des Anciens Volontaires en Espagne Républicaine (AVER) et les Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) s’associent à l’hommage rendu à Fanny Edelman.

            En 1937, Fanny Edelman quitta l’Argentine avec son compagnon  pour rejoindre les Brigades Internationales. Elle fit partie de ces milliers de volontaires venus de tous les horizons qui, par leur courage et leur ténacité, ont écrit une des plus belles pages de la solidarité et de la fraternité humaine.

            Elle était de ces femmes qui comme Dolores Ibarruri « La Pasionaria », Margarita Nelken, Federica Montseny ou notre présidente Lise London n’ont jamais baissé la tête face au fascisme.

Elle est l’honneur de L’Argentine

Gloire aux Brigades Internationales !

Gloire à Fanny Edelman !

 

La présidence de L’ACER

Pierre Rebière, Secrétaire Général de l'ACER, est décédé

Notre ami Pierre Rebière, Secrétaire Général de l'ACER, est décédé.

Pierre Rebière est décédé  dimanche 20 mars à Paris à l’âge de 73 ans des suites d’un cancer. Un homme droit, un enseignant de qualité, un militant  associatif dynamique, un communiste militant, vient de nous quitter.

 

 

Pierre parlait peu de lui préférant évoquer l’épopée de son père dans les Brigades internationales en Espagne républicaine, puis dans la Résistance en France : Pierre Rebière, fusillé par les nazis au Mont-Valérien. Des épisodes  chers au cœur de notre camarade disparu qui présidait l’Association des enfants de fusillés et animait Les Amis des combattants en Espagne républicaine (ACER).

Il avait passé un temps à l’Avenir Social, « le Nid », avec d’autres  enfants de fusillés puis de la répression contre le mouvement ouvrier en France et dans le monde. Il gardait un souvenir ému de la solidarité organisée par la CGT ainsi que celle dispensée par de nombreux intellectuels et artistes comme Picasso ou Yves Montand pour « faire bouillir la marmite » dans cette maison  appelée aussi « La Villette » et située en Seine et Marne.

Après des études réussies, Pierre Rebière exerça des années durant dans l’enseignement comme professeur d’Histoire, puis en qualité de proviseur dans plusieurs lycées de province et de la région parisienne  avant de rejoindre le Rectorat de Paris. « Des proviseurs communistes, on en comptait sur les doigts d’une seule main », soulignait-il. Il était le moteur de l’association des enfants de fusillés, participait aux travaux du Musée de la Résistance à Champigny et fut un des fondateurs de l’association Les Amis des combattants en Espagne républicaine. Il partageait son temps entre Paris et Vallauris. Il a longtemps gardé la plus grande discrétion sur son jardin secret : l’écriture.

Ses copains et camarades sont dans la peine. Ils expriment  leur affection à sa famille particulièrement à Arlette, sa femme, et à Jacques, son fils.

José Fort

l'ACER a perdu l'un de ses fondateurs: Yvon LE LIGEOUR

Le 12 Janvier 2011, l'ACER a perdu l'un de ses fondateurs: Yvon LE LIGEOUR avait 66 ans; un cancer a eu raison de lui, de sa jovialité, de sa générosité explosive, que celle-ci s'exprime sur son lieu de travail ou/et de militantisme, ou chez nous, où sa présence discrète s'affichait surtout dans "sa" Bretagne "bleue", celle des "Rouges". Il fut un homme de convictions, d'amitiés profondes, de talent. Sylvie et Boris perdent un mari et un père, nous un vrai frère.


Damien Magnaval, secrétaire du syndicat des cochers-chauffeurs

En octobre 1938, en couverture de l'Humanité, on pouvait lire cet article:

 

Damien Magnaval,
secrétaire du syndicat des cochers-chauffeurs
a été tué sur le front de l'Ebre.

 

C'est avec une profonde émotion et tristesse que nous venons d'apprendre la mort héroïque sur le front de l'Ebre du secrétaire du syndicat des cochers-chauffeurs du département de la Seine, notre camarade et ami Damien Magnaval.

 Ses compagnons d'armes, les valeureux combattants de la 14ème brigade "La Marseillaise" qui ont inscrit des pages ineffaçables de la lutte des internationaux contre l'intervention fasciste en Espagne en nous écrivant :

"Magnaval, commissaire politique, est tombé en héros à la tête de son bataillon lors d'une contre-attaque de la 14ème brigade contre les troupes italiennes et maures.

"Les chauffeurs de taxis parisiens peuvent être fiers d'avoir formé des militants de la trempe et du courage de Magnaval qui, dès son arrivée à la brigade, gagna la sympathie et l'amitié de tous les volontaires, dont le retour à Paris est attristé par la mort des meilleurs d'entre nous".

Magnaval était né le 17 novembre 1904 à Gourdon(Corrèze).Dès son jeune âge il est à Paris à 19 ans, il est déjà syndiqué aux terrassiers, et nombreux sont ses compagnons de travail qui se rappellent toujours de lui.

En 1929, il devient chauffeur de taxi et prend immédiatement une part active à la vie syndicale et à toutes les luttes corporatives.

La grève générale des chauffeurs de taxi en février-mars 1934 permet à Magnaval d'affirmer ses capacités d'organisateur.

Un an plus tard, la confiance que lui témoignent les syndiqués le font désigner en 1935 comme secrétaire du syndicat.

Au moment de la rupture du Front entre la Catalogne et le reste de l'Espagne, Magnaval part dans les brigades avec un groupe de militants.

L'assemblée générale du syndicat du 22 mai 1938 pour lui témoigner sa confiance et son attachement, par un vote unanime, le maintient à son poste de secrétaire.

Lors de l'offensive victorieuse républicaine sur l'Ebre en juillet 1938, Magnaval, en tête de son bataillon, traverse l'Ebre à la nage et s'installe solidement sur la rive droite. Quelques jours plus tard, il est blessé, il refuse de se faire évacuer et trois jours après il reprend sa place à la tête de son bataillon.

C'est toujours à la tête de son bataillon que, fin septembre, en résistant victorieusement aux assauts des fascistes, il trouva la mort.

La disparition prématurée de Magnaval sera profondément ressentie par le mouvement ouvrier de la région parisienne et particulièrement par les chauffeurs de taxis parisiens.

Dans ces circonstances douloureuses, le conseil syndical adresse à sa famille et à ses nombreux amis l'expression de ses condoléances émues.

Il appelle toute la corporation pour commémorer la mémoire d'un des meilleurs militants  du syndicat à fonder un "Fonds Magnaval", pour venir en aide aux enfants et aux femmes espagnols, victimes innocentes du fascisme et à la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la Liberté et la Paix.

                                                                           

                                                                                                                                            Le conseil syndical des Cochers et Chauffeurs de la Seine

 

P.S. Pour commémorer la mémoire de Magnaval, le syndicat des Cochers-Chauffeurs, l'Union des syndicats de la R.P., l'Amicale des Volontaires, vont organiser très rapidement une manifestation."

 

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Avril 1939, le syndicat des cochers-chauffeurs fait graver le visage de Damien sur une plaque de bronze. Lors d’une cérémonie à la mémoire de Damien, cette plaque de bronze sera apposée sur le pignon de la maison familiale le 20 août 1939.

Mais bien vite et ceci pendant toute la période de la guerre, le père de Damien, Adrien dissimula cette plaque…. Le bronze était très convoité par l’armée allemande.

Ce n’est que plus tard, le 9 septembre 1945 que la stèle érigée par les soins de Louis, frère de Damien, sera inaugurée officiellement.

Et depuis toujours, chaque mi-octobre, avec une fidélité sans faille, le syndicat des cochers-chauffeurs, le PCF et tous les amis des environs se réunissent devant cette stèle, à Gourdon-Murat,  pour honorer la mémoire de Damien et de tous ces compagnons volontaires des Brigades Internationales.

 

 

Dernière lettre de Damien à sa sœur Louisette  

 

                                                                                     Front de l’Ebro, le 16 juin 1938

 

Mon cher Adrien, ma chère Louisette,

 

Voilà bientôt deux mois que je suis en Espagne sans vous donner de mes nouvelles. Je vous accorde que c’est un peu exagéré de ma part et vous en demande pardon. Toutefois, n’allez pas croire que je vous oublie, non, je suis infiniment heureux de passer de temps à autre quelques instants avec les chères images que j’ai emporté de vous tous, et j’en suis reconnaissant à mon petit appareil qui entre parenthèses, ici, ne me sert pas à grand chose.

J’espère que vous êtes en bonne santé et je suppose que Colinette est partie à la campagne, ainsi qu’Yvonne sans doute.

J'espère par retour du courrier une foule de détails que, malgré la petite peine que j’ai pu vous faire bien involontairement, vous ne manquerez pas de me donner sur tout ce qui se passe là-bas, sans oublier le travail d’Adrien.

Je ne voudrais pas que vous voyiez dans cette demande autre chose que ce qu’elle comporte, car le moral est excellent et je me félicite à tous points de vue d’être aux Brigades internationales, à côté de nos vaillants camarades espagnols pour combattre contre le fascisme international.

Il me faudrait de longues pages pour vous conter mon voyage dans le détail ; je m’en tiendrai pour aujourd’hui à vous faire part de quelques impressions parmi tant d’autres, dont j’aurai le plaisir de vous entretenir plus tard.

Tout d’abord, le passage des Pyrénées, étape très dure surtout pour des gens peu entraînés comme j’étais moi-même, mais après avoir passé la frontière, il nous était donné d’assister à 2000 mètres d’altitude, à un spectacle vraiment beau, le lever du soleil avec dans le lointain la Méditerranée.

Ensuite on nous a acheminés vers le camp d’instruction. La Catalogne est un beau pays où il doit faire bon vivre en temps de paix mais présentement, la population qui est très courageuse, manque d’une foule de choses de première nécessité ( toujours la non-intervention qui n’en a plus pour longtemps j’espère). Le 1er mai nous avons défilé dans Olot, jolie petite ville catalane dont la municipalité avait organisé, avec le concours des organisations Front populaire, une manifestation en l’honneur des Brigades internationales : un grand meeting eut lieu dans les arènes où nous pûmes entendre André Marty qui… comme l’inlassable lutteur qu’il a toujours été et qui , connu du peuple espagnol et catalan dont il est un des plus vaillants défenseurs, fut longuement acclamé ; une cérémonie émouvante  devait clore cette magnifique journée : la remise par la municipalité d’un drapeau aux couleurs de l’Espagne et de la Catalogne avec l’étoile antifasciste, que nous avons juré de conduire à la victoire.

Puis,  par étapes, ce fut la direction du Front : le 11 mai, nous prenions notre premier bain dans la mer sur une petite plage de toute beauté, le 14 j’étais affecté à l’unité à laquelle j’appartiens présentement : la Cie mitrailleuse du bataillon «  Commune de Paris » et le 18, nous montions en position. Certes, à travers toutes ces péripéties, nous avons connu quelques petites misères, mais on se fait rapidement à tout et l’on arrive ainsi à avoir une plus juste appréciation des choses .

Je suis avec des camarades, des «  tordus » comme on dit ici, qui ont en vu de toutes les couleurs et qui, après vingt  mois de combats, ont toujours le mot pour rire, même sous les rafales de mitrailleuses.

En ce qui me concerne, je crois pouvoir dire que pour mon baptême du feu, je ne me suis pas trop mal comporté ; il est vrai que ce n’est qu’un commencement, mais ce qui m’a surtout impressionné, ce sont les rafales de mitrailleuses et le claquement des balles explosives ; inutile de vous dire que l’on n’attend pas le commandement pour se planquer.

Présentement, le secteur est calme et vraiment à certains moments on ne se croirait pas à 200 mètres des lignes fascistes.

J’ai déjà écrit, en collaboration avec les chauffeurs de taxi qui étaient partis avec moi pour le front, une lettre aux camarades du bureau syndical ( ma première lettre que voici devant être pour vous) ; or je n’ai pas eu de réponse. Il est vrai que j’ai changé cinq ou six fois d’adresse et j’ignore si elle est arrivée à destination. Je dois vous dire également que lors de notre affectation, nous avons été dispersés et que je n’ai plus de nouvelles de mes copains chauffeurs de taxi dont j’ignore l’adresse. Peut-être qu’Adrien pourra me donner quelques nouvelles ?

Quelles sont mes préoccupations du moment ? Apprendre à faire la guerre et à savoir utiliser au mieux les armes que nous avons entre les mains pour en finir rapidement avec le fascisme en Espagne. Je m’applique également à apprendre l’espagnol.

Quels sont nos besoins ? Nous manquons de beaucoup de choses, mais ici sur le Front , si nous n’avons pas la variété, au mois avons -  nous des vivres en quantité suffisante et si nous avions les armes et les munitions qui nous manquent encore, nous aurions vite donné le coup de grâce à Franco, ce qui du reste ne saurait tarder.

A présent,  les lettres, journaux et colis nous arrivent régulièrement ; presque chaque jour nous avons « l’Humanité » que nous lisons attentivement et qui est une grande chose du point de vue moral.

Je n’ai pas besoin d’argent dont je ne saurai que faire, car il n’y a rien que l’on puisse acheter sur le Front, mais je vous demanderai de m’envoyer de temps à autre des journaux.

Les colis sont toujours les bienvenus et si vous aviez l’intention de m’en envoyer un, permettez-moi de vous indiquer les choses qui me seraient les plus utiles ou le plus agréable….(illisible) c’est ce dont on est le plus privé ici…gauloises, un paquet de gris, une gitane serait un luxe ; pour se mettre sous la dent, un peu de chocolat et des confitures ; j’aimerais bien avoir un bon bout de fromage fort et si possible, quelques morceaux de sucre.

Une petite cartouche en ébonite d’encre Waterman pour mon stylo, ainsi qu’un petit flacon d’alcool de menthe et un tube d’aspirine me seraient un cadeau des plus agréables, sans oublier un petit sachet de bonbons pour les gosses, dès que l’on est à l’arrière.

Voici ce que l’on serait heureux de recevoir, mais surtout, éviter les gros colis, pas trop de choses à la fois et c’est exigible pour plus de garanties par l’intendance du Secours rouge.

J’envoie à Louisette un petit bout du drapeau espagnol ; en attendant la joie de vous lire, je vous envoie mes plus gros baisers. Votre frère qui vous aime beaucoup.

                                                         Damien

P.S. :Je vous prie de faire part de mes amitiés et de mon bon souvenir à tous les amis de là-bas : Maria et Joseph Rivière, à chez…. , à Milou et sa femme, je vais écrire à mon ….J’oubliais de vous dire que je me propose d’écrire à mes parents et je compte sur vous pour qu’ils n’aient pas de peine à cause de moi. Si la Colinette n’était pas à la campagne, embrassez-la fort pour moi. Je vous prie de me donner des nouvelles de mon filleul.

MAGNAVAL Damien, 494 Secours rouge international 494

Plaza Altazano Barcelon( Espagne)

 

Discours de Rol Tanguy en 1988 :

 

Si il y a une commémoration qui a été plus marquante que d'autres c'est bien celle qui eût lieu en 1988. Ce jour-là le colonel Rol-Tanguy parlait de son compagnon Damien Magnaval.

Voici un large extrait de son discours .

"En ce moment toutes nos pensées vont au souvenir d’un militant  ouvrier exemplaire, responsable syndical d’une vaillante corporation parisienne, ‘les Chauffeurs de Taxi ‘, qui chaque année rendent hommage à sa mémoire, à Damien Magnaval.

Responsable syndical, militant communiste, il en avait les qualités, acquises dans les rangs de son parti….

« Éducateur et formateur d’hommes, de patriotes, de cadres de l’héroïsme français ! »  disait Aragon

Au delà des luttes en France, qui aboutirent en 1936 à la victoire du Front Populaire, Damien était sensibilisé, alerté par le danger des menaces hitlériennes, contenues dans le livre de Hitler ‘Mein Kampf’ qui disait sans détour «  L’ennemi à abattre, c’est la France ! »

Et pour que nul n’en ignore, M.Thorez lisait des passages entiers de cette bible hitlérienne, à la tribune même de l’Assemblée Nationale !

On sait que nos gouvernements d’alors, les Daladier et les Bonnet , n’en tinrent  aucun compte et que leurs capitulations successives devant Hitler et Mussolini, de mars 1936 à septembre 1938 à Munich, firent perdre un à un tous ses alliés à la France, qui se trouva pratiquement isolée lorsque Hitler l’attaqua en mai 1940.

C ‘est bien d’abord pour joindre le combat à la parole, pour préserver la France de la guerre, pour faire la preuve que le fascisme – fauteur de guerre – pouvait être dissuadé de déclencher la deuxième guerre mondiale, que des patriotes comme Damien Magnaval, sont partis se battre en Espagne. Combattre aux côtés du peuple espagnol pour sa liberté et pour la nôtre.

Damien Magnaval fut de ceux qui se levèrent avant le jour…..

 

J’ai bien connu Damien, commissaire de compagnie au Bataillon « Commune de Paris » de la 14ème Brigade Internationale « La Marseillaise » dont j’étais le commissaire….

Commissaire politique, pour nous, c’était revivre, dans cette responsabilité, l’épopée de la Grande Révolution Française, la légende des Commissaires aux Armées de la Première République désignés par l’Assemblée législative de 1791-1792, alors seule mandataire de la souveraineté nationale.

Les Commissaires aux Armées étaient eux, investis de pouvoirs illimités, placés aux côtés de généraux ou chefs.

Ils devaient en gagner la confiance, les seconder mais aussi étudier leur conduite et surtout, fraterniser avec les soldats, de veiller à leurs besoins, être pour eux des pères ou des amis, inculquer par leur exemple la discipline librement consentie…

L’Armée du Rhin manquait de chaussures…. Saint-Just en une journée fit déchausser tous les bourgeois de Strasbourg….

Et à Landau, il marchait le fusil à la main, à la tête des Volontaires.

 

Certes nous n’avions pas, dans les Brigades de l’armée Républicaine Espagnole, les pouvoirs des Commissaires aux Armées de la 1ère République Française…

Mais à tous les échelons, de la Brigade aux sections, nous devions veiller à l’élévation du moral, à la flamme révolutionnaire qui nous avait entraînés en Espagne.

Nous devions être attentifs aux conditions matérielles, nourriture, hygiène…conforter la discipline par l’explication des buts démocratiques, pour le peuple espagnol, pour la paix mondiale, buts fixés par le gouvernement de la République.

Etre des adjoints attentifs du commandement et aux combats se porter aux points décisifs, dans l’offensive comme dans la défensive.

Ce rôle Damien Magnaval l’a rempli avec courage et intelligence, un don total de lui-même….jusqu’au sacrifice suprême.

 

J’ai vu d’abord son bataillon ‘La Commune de Paris’ franchir l’Ebre le 25 juillet 1938,  ce fut le seul bataillon qui réussit cette nuit là le franchissement du grand fleuve espagnol.

Pour mieux assurer le succès de l’offensive générale de l’armée de l’Ebre, la 14ème brigade attaqua........plusieurs heures avant l’offensive générale….

Si vous allez en Espagne, sur l’Ebre, entre Tortosa et Amposta, se trouve un village Compredo, c’est là que combattit la ‘Commune de Paris’ et Damien Magnaval.

Il fut de ces rescapés d’une action, qui avait attiré en ce point du fleuve, les réserves franquistes et assuré le succès de l’offensive républicaine.

Franco mit 100 jours pour reconquérir le terrain repris en 5 jours par les Républicains.

Et ce fut la dure, acharnée action défensive - de la Sierra Cabales – pour la 14ème Brigade, pour ses bataillons, dont la Commune de Paris.

Si vous allez à Gandesa, ville peu éloignée de Mora de l’Ebro, vous pourrez  voir se profiler sur l’horizon les puissants contours de la Sierra Cabales, position défendue par la 14ème Brigade en septembre 1938.

Pour nous en déloger, Franco, grâce aux avions, aux canons, aux munitions fournis par Hitler, n’y réussira qu’en octobre 1938.

J’y suis retourné depuis, j’ai parlé avec un paysan espagnol, lui ai désigné les positions que nous avions défendues…..il ne voulait pas croire qu’il avait devant lui un des survivants de ces combats. Il a dit en espagnol…  « es un milagro… »….c’est un miracle !

Il ajouta « des ruisseaux de sang coulaient dans les sierras »…..

Déjà la légende populaire !

Commissaire de compagnie, Damien fut à la hauteur de ses responsabilités….

C’est le 21 septembre, la veille de la relève définitive des Brigades des Fronts d’Espagne, qu’il fut tué, fidèle au mot d’ordre des commissaires :

le premier à avancer……le dernier à reculer.

 

La mémoire et le souvenir des combattants des Brigades sont honorés en Espagne.

A chacun de nos voyages depuis la mort de Franco en 1975, nous les survivants, recevons l’hommage et l’expression de la reconnaissance de nos anciens frères d’armes et en particulier de la jeunesse espagnole, qui connaît l’épopée extraordinaire des Brigades Internationales et nous témoigne un respect chaleureux et de bon aloi.

Au cimetière de Fuencarral près de Madrid les tombes de nos frères sont entretenues et fleuries.  Oui la belle figure d’un Damien Magnaval a toute sa place parmi nos héros, pour qui la vie ne comptait que pour défendre la liberté, la liberté qui ne connaît pas de frontière.

C’est bien grâce à l’exemple d’hommes comme Damien, notre frère, que nous avons continué le combat dans notre résistance, pour la libération, et là nous avons retrouvé tous ceux, rescapés des Brigades, et à leur côté, nos camarades républicains espagnols.

Il n’est pas une région de France, et d’abord Paris, qui ne les aient comptés parmi leurs défenseurs et leurs libérateurs ! Honneur à eux !

De nos jours une aube nouvelle se lève ! Elle est portée par des années de combat et des milliers de sacrifices, tous donnés pour que la guerre soit mise hors la loi universelle.

Aujourd’hui on parle de la paix avec assurance, on prend des mesures concrètes.

Des armes sont détruites avant d’avoir servi. Un début qui est le fruit d’une bataille soutenue, persévérante de toutes les forces de paix dans le monde.

(………………………………..)

La Paix………….ce bien le plus précieux des hommes !

Et dans cette tâche universelle, ceux qui sont tombés, avec au cœur cet espoir, d’une Paix enfin triomphante, comme Damien Magnaval …..Oui comme l’a dit le poète :

« Les morts sont des vivants toujours présents à nos combats »

 Voir aussi :

Damien Magnaval et la bataille de l'Ebre (1938) ...

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